La belle Chantal (1965)
En passant par Penhoët quartier populaire de Saint-Nazaire, une plaisante scène de mon enfance m’est revenue, j’avais alors 13 à 14 ans et je pédalais avenue de Penhoët en direction de Méan sur le vélo bleu que j’avais hérité de mon frère Marcel ; en ce temps, là vêtements et matériels passaient de l’un à l’autre en suivant notre croissance.
Appuyant de toutes mes forces sur mes pédales, les joues rouges d’un effort inutile, je vis sur ma gauche une silhouette que je reconnaissais immédiatement comme la belle Chantal E. une jolie blonde de 13 ans avec un visage d’ange marqué par deux jolies fossettes sur des joues au teint de pêche.
Je tournais franchement la tête et me redressais en laissant le guidon, les mains bien hautes pour la saluer.
Sur le bord du trottoir une camionnette Peugeot 403, le plateau bâché chargé de matériels, un couvreur par la présence d’échelles de toits, stationnait sur ma trajectoire.
Le choc fut violent et je me retrouvais affalé sur le plateau parmi le matériel. Plus de peur que de mal, quelques bleus et égratignures. Chantal vint me consoler en riant ; mon amour-propre en avait pris un coup.
C’est alors que je découvris le vélo : la roue était en huit, la fourche faussée, le pédalier déformé. La pensée de la colère de mon père me fit craindre le pire.
Cahin-caha, en soulevant l’avant du vélo, je revins vers la maison, qui n’était pas très loin.
Comble de malchance, il était devant l’immeuble où nous habitions alors et en voyant l’équipage arrivé, il mit les poings sur ses hanches.
Je tentais de l’amadouer bien sûr, pour atténuer la future punition, en lui expliquant par le détail ce qui m’était arrivé.
Alors contre toute attente pas de colère, mais un visage grave, il me dit : « Souviens-toi petit que les femmes sont dangereuses ».
Mises à jour : 12/01/2020 – transformation en bloc.
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