La naissance des services transatlantiques en France – 1857 à 1861

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Nous avons vu dans le dernier article les déboires de la Compagnie franco-américaine petit épisode dans la saga des services transatlantiques. L’importante compagnie Messageries impériales qui œuvre en Méditerranée se voit attribuer la ligne du Brésil ; celles de New York et des Antilles attendront encore un peu… Allez encore un loupé en 1858 et les choses vont redevenir sérieuses avec la Compagnie générale maritime qui deviendra la Compagnie transatlantique.

La naissance des services transatlantiques en France – 1857 à 1861

Q-1 – Diagramme synoptique des tentatives et des établissements des différentes lignes transatlantiques
Dessin Michel-Claude Mahé

1857 – Messageries impériales

Q-2- 1857 – Messageries impériales .- Dessin Michel-Claude Mahé.

La loi du 17 juin 1857, a autorisé le paiement par l’État d’une subvention annuelle de 14 millions pour l’exploitation de trois lignes de correspondances, au moyen de paquebots à vapeur, entre la France et :
– New York ;
– les Antilles, le Mexique, Aspinwall et Cayenne ;
– le Brésil et Buenos Aires.

Le décret du 19 septembre 1857 concéda aux Messageries impériales * le service de Bordeaux et Marseille au Brésil, avec prolongement sur la Plata (Buenos Aires), moyennant une subvention annuelle de 4 700 000 francs.

La convention stipulait qu’elle devait avoir à flot sept navires de 450 chevaux et 3 de 200 soit en tout 3,750 chevaux. Elle avait à parcourir, à raison de vingt-quatre voyages par an, 101,232 lieues marines (303 696 nautiques).

*) Les Messageries impériales étaient une importante compagnie. Sa création remonte à 1851. À cette époque, conformément à un premier contrat passé avec le gouvernement, elle succéda à l’administration des postes dans l’exploitation des paquebots assurant le transport des correspondances postales dans la Méditerranée.
La flotte se composait de 17 navires, la plupart rachetés à l’État, représentant une force moyenne de 182 chevaux et un déplacement moyen de 800 tonneaux. Elle desservait l’Italie, le Levant et la Grèce, l’Égypte et la Syrie soit un parcours de 105 246 lieues marines (315 758 nautiques) calculés à 7,5 nœuds.
En 1852, elle rattachait à son réseau les principaux ports de la Grèce et de la Macédoine.
En 1854, le département de la guerre lui confiait l’exploitation de la correspondance postale et les transports militaires entre la France et l’Algérie.
Pendant la guerre de Crimée, elle a assuré dans la mer Noire, la communication de l’armée avec son commandement.
1855, elle ouvrit une ligne entre Marseille, Civitavecchia et Naples principalement destinée à assurer les relations entre la métropole et l’armée d’occupation de Rome.
La guerre terminée, elle prêta son concours à l’État pour le rapatriement des troupes.
En 1857, l’effectif de la Compagnie était de 48 navires d’une force moyenne de 235 chevaux, d’un tonnage moyen de 1 141 tonneaux avec un parcours annuel de plus de 300 000 lieues marines (900 000 nautiques) et une vitesse comprise 8 et 9,5 nœuds.

1858 – Messageries impériales et Compagnie Marziou

Q-3 – 1858 – Messageries impériales et Cie Marziou – Dessin Michel-Claude Mahé.

Le 20 février 1858, un second décret mit la Compagnie Marziou * en possession de la concession des deux services :
-) du Havre à New York ;
-) Saint-Nazaire aux Antilles et Aspinwall, avec des services annexes sur la Guadeloupe, le Mexique et Cayenne.
La subvention accordée fut fixée à 9 300 000 francs. Un cahier des charges annexé au décret de concession détermina les conditions d’exploitation des deux lignes.
Le 16 octobre 1860, le concessionnaire, faute d’investisseurs, proposa de se désister en faveur de la Compagnie générale maritime **.

*) Elle se présentait sous le patronage de la compagnie du chemin de fer d’Orléans.

**) Compagnie générale maritime, société anonyme formée à Paris le 27 novembre 1854 sous le patronage la Société générale de Crédit mobilier (46% des parts) et autorisée le 2 mai 1855 par décret impérial approuvant ses statuts.
Le fond social était de trente millions de francs divisé en soixante mille actions de cinq cents francs.
Son siège social était 15, place Vendôme, Paris.

La Compagnie acheta le matériel de la Société la Terreneuvienne, comprenant 29 navires jaugeant ensemble 4 258 tonneaux,
Au mois d’octobre 1855, elle obtint la francisation d’un navire à voiles et de six bâtiments à vapeur achetés en Angleterre.
Au 1er janvier 1856, elle avait à la mer 45 navires. Lors de l’assemblée générale du 29 avril 1856 son matériel se composait de :
– navires à vapeur : à flot : 8 ; en construction. : 2 ;
– Navires à voiles : à flot : 45 ; en construction : 14.
Soit ensemble : 69 navires jaugeant 23,850 t.
La compagnie se consacrait alors à la navigation au long cours, le grand et le petit cabotage, l’armement et le commerce maritime.

Le Conseil d’administration provisoire était alors composé de MM. :
José-Luis DE ABAROA, banquier, demeurant à Paris ;
François-Barthélemy ARLES-DUFOUR, négociant, demeurant à Paris ;
Hippolyte-Guillaume BIESTA, directeur du Comptoir d’escompte de la ville de Paris ;
Vincent CIBIE, négociant, demeurant à Paris ;
Nicolas CEZARD.
Mathieu DOLLFUS ;
Benjamin DELESSERT ;
Adolphe D’EICHTHA, délégué de la Société générale de Crédit mobilier ;
Frédéric GRIENINGER, banquier, demeurant à Paris ;
Jacques-Edmond LECAMPION, armateur, maire de la commune de Granville.
Camille LOPES-DUBEC, négociant, demeurant à Bordeaux
Charles MALLET, banquier, demeurant à Paris ;
Paul, duc DE NOAILLES, propriétaire, demeurant à Paris ;
Émile PEREIRE, président du Conseil d’administration de la Compagnie des chemins de fer du Midi demeurant à Paris ; ;
Isaac PEREIRE, délégué de la Société générale de Crédit mobilier ;
Henri PLACE ;
Joseph PERIER, banquier, régent de la Banque de France, demeurant à Paris
Eugène RAIBAUD, négociant, membre de la chambre de commerce de Marseille ;
Henry SIEBER, négociant, demeurant à Paris ;
François-Alphonse THEROULDE , maison de commerce Lecampion, Theroulde et Cie établie à Granville ;

1860 – Messageries impériales et Compagnie Générale Maritime

Q-4 – Octobre 1860 – Messageries impériales et Cie générale maritime – Dessin Michel-Claude Mahé.

La Compagnie des Messageries impériales devait exécuter deux voyages par mois, soit vingt-quatre voyages par an, avec un départ alternativement de Bordeaux et de Marseille. Tout juste avant l’expiration du délai de trois ans accordé par le cahier des charges, elle exécuta un premier voyage de Bordeaux à Rio Janeiro avec le vapeur à roues la Guienne (Capitaine Enout, lieutenant de vaisseau de la marine impériale) *. Le paquebot quitta le port de Bordeaux le 26 mai 1860 et fit escale à Lisbonne, Saint-Vincent (Îles du Cap Vert), Pernambuc et Bahia.
Les départs suivants de Bordeaux étaient prévus le 25 de chaque mois et effectués par les paquebots à vapeur à roues de 500 chevaux : Navarre, Estramadure, Béarn **.

*) Le paquebot La Guienne, construit aux chantiers de la Ciotat sur les plans et sous la direction de l’ingénieur Delacour est lancé le 15 octobre 1859. Il fut le premier transatlantique construit dans un chantier français.
Coque : longueur de tête en tête : 101,70 m ; largeur à la flottaison : 11,63 m ; creux sur quille : 7,60 m ; déplacement en pleine charge : 3 188 t ; tirant d’eau correspondant : 5,25 m.
Système de la machine : 2 cylindres oscillants ; force nominale : 500 chevaux ; nombre de tours machines correspondant : 19,5 par minute.
Propulsion : 2 roues à aubes de 9, 50 m de diamètre extérieur, 14 aubes ;
Emménagements : couchettes à l’arrière : 83 ; à l’avant : 60 ; entrepont ; 81 : total : 224.
La compagnie possédait ses propres chantiers « Les chantiers et ateliers de la Ciotat » où elle construisait généralement ses navires cependant, elle confiait la construction à d’autres chantiers telles que « Les forges et chantiers de la Méditerranée » situées à la Seyne près de Toulon.

**) Ces navires étaient identiques (mêmes caractéristiques, même taille, même classe) à la Guienne. La Navarre fut lancé à La Seyne le 15 novembre 1859 ; l’Estramadure, le 25 janvier 1860 à La Seyne ; le Béarn, le 1er juin 1860 à La Ciotat.

Q-5 – La Guienne de la Compagnie des Messageries impériales – Collection Michel-Claude Mahé.

Le service annexe entre Rio Janeiro, Montevideo et Buenos Aires fut inauguré le 24 octobre 1860 avec la Saintonge, paquebot à roues de 250 chevaux.

*) La Saintonge, construit au chantier L. Arman à Bordeaux. Lancé le 17 décembre 1859. Départ de Bordeaux le 25 août 1860.
Coque : longueur HT : 79,64 m ; largeur : 9,7 m ; jauge brute : 826 tx ; déplacement : 1247 tonnes.
Machine : 1 machine oscillante verticale à 2 cylindres ; puissance : 250 chevaux.
Propulsion : 2 roues à aubes ; vitesse : 8,5 nœuds.
Passagers : 25.

La suppression de la deuxième ligne du Brésil et de la Buenos Aires partant de Marseille fut consentie par l’État. Aux termes de la convention du 22 avril 1861 la subvention fut réduite à 2,306,172 francs mais la Compagnie devint concessionnaire du service postal de l’Indochine. Celui-ci était au départ de Suez et aboutissait à Saïgon avec des services annexes aboutissant à l’Inde anglaise, la Réunion, Maurice, Manille, Java, Canton et Shanghai. Une subvention moyenne de 6 millions pendant vingt-quatre ans a été attribuée à ce service en vertu de la loi de juin 1861.

Mise à jour :
26-07-2023 – Corrections lieux marines en nautiques. Ajout paragraphe : « La convention stipulait qu’elle devait avoir à flot sept navires… »
02-04-2023 – Ajout d’un diagramme synoptique des tentatives et des établissements des différentes lignes transatlantiques.

A propos Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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