1864 – La Compagnie générale transatlantique – La Ligne le Havre – New York

1864 – La Compagnie générale transatlantique – La Ligne le Havre – New York

La concurrence américaine en 1864

Depuis plus de deux ans aucun service régulier américain n’existait sur la ligne le Havre et New York. Les États-Unis étaient en proie à la guerre civile. Les navires à vapeur, l’Arago, le Fulton et le Vanderbilt, avaient été réquisitionnés par le gouvernement fédéral pour faire le service des transports militaires.

La concurrence anglaise en 1864

La ligne Liverpool à New York était desservie par la Cunard, Inman et autres. Elles détournaient à leur profit les voyageurs et les marchandises françaises à destination des pays transatlantiques. Les expéditeurs Français étaient obligés de faire un voyage supplémentaire vers Liverpool, ce qui engendrait une augmentation notable des coûts.

S-1 – Juin 1864 – Cie Générale Transatlantique – La ligne de New York – Dessin Michel-Claude Mahé

La Ligne le Havre – New York

La loi du 3 juillet 1861 concédait les services postaux de la ligne Le Havre à New York pendant vingt ans, 26 voyages par an, à la Compagnie générale transatlantique * :

*) Voir l’article : « 1861 – De la Compagnie générale maritime à la Compagnie générale transatlantique ».

S-2 – Temps de navigation et distances parcourues contractuels pour la ligne Le Havre à New York
Dessin Michel-Claude Mahé

La ligne Le Havre- New York fut inaugurée, au départ du havre, le mercredi 15 juin 1864 à 18 h 00, par le paquebot à roues Washington (Capitaine Duchesne). Il est arrivé à New York le mercredi 29 juin à 5 heures du matin , soit 13 j et 15 h à la vitesse de 9,7 nœuds.
À sa décharge, il a rencontré une succession de vents forts d’ouest depuis les côtes de la France jusqu’aux bancs de Terre-Neuve et des brouillards denses jusqu’à moins de 200 milles de New York.
Le prix du voyage, repas et vin compris, était de 700 francs en première classe et 400 francs en seconde classe.
Il avait 60 passagers et 500 tonneaux de marchandises à son bord.

* En septembre 1854, le capitaine Duchesne commandait le steamer français Vesta de la Compagnie générale maritime. Ce navire entra en collision avec la navire américain Arctic dans les parages du banc de Terre-Neuve du fait d’une épaisse brume. 350 personnes perdirent la vie.

Les temps de navigation réalisés

S-3 – Les traversées réalisées par le Lafayette en 1864 – Dessin Michel-Claude Mahé

Notes tableau S-4:
(1) Le Lafayette a connu des vents légers de face à partir du 25 août jusqu’au 2 septembre puis des brises fraîches du NE. Il était à moins de quatre milles de Sandy Hook le 5 septembre à 10 heures du matin, mais faute de recevoir de pilote, il a repris la mer et prit un pilote le 6 à 9 h 30.
(2) Le Lafayette transportait le corps de M. William Lewis Dayton, ambassadeur extraordinaire et ministre du gouvernement fédéral des États-Unis près de Napoléon III, empereur des Français.
M. Dayton est né le 17 février 1807 à Basking Ridge dans le New Jersey et décédé le 1er décembre 1864 à Paris. Formation : université de Princeton. Carrière : 1830, il débute au barreau ; 1837, juge à la cour suprême de l’État du New Jersey ; 1842, sénateur au congrès fédéral ; 1861, ministre résident des États-Unis à Paris.

S-4 – Les traversées réalisées par le Washington en 1864 – Dessin Michel-Claude Mahé

(1) Traversée contrariée par des vents de bout et une grosse mer.
(2) Un trois-mâts hollandais a abordé le Washington sur un de ses tambours par le travers d’Aurigny. Le choc a été très violent. Dans cette collision, le Washington n’avait presque pas souffert mais les avaries du bâtiment hollandais étaient telles, que le capitaine Duchesne l’a pris à la remorque et fait route pour Cherbourg où ils ont mouillé dans la nuit. La commission sanitaire est montée à bord du Washington, les dépêches ont été récupérées et les passagers débarqués. Le Washington état sur rade au Havre à 4 h 00 le 28 octobre 1864.
(3) Capitaine Duchesne : « J’ai quitté le Havre le 16 novembre au soir. Le lendemain, étant dans l’entrée de la Manche, j’ai été assailli par une terrible tempête du sud-ouest au nord-ouest qui a duré trois jours. Ce coup de vent m’a retardé dans ma route à tel point que je me trouvais encore le dimanche à la hauteur de l’Irlande seulement. »

En 1864, le service a été assuré par le Washington et le Lafayette. La traversée s’effectuait entre 13 à 17 jours. Nous sommes loin des performances annoncées : entre 11 et 13 jours.

S-5 – Le Washington partant du Havre le 15 juin 1864 (d’après le croquis de M. Durand-Brager)
Source BNF – Gallica

Le Washington

Le Washington, paquebot en fer à roues, construit à Greenock (Écosse) dans les ateliers de MM. Scott et compagnie, lancé le 17 juin 1863, mis en service le 15 juin 1864.
Ingénieurs de la Cie Générale Transatlantique : MM. Forquenot, ingénieur en chef ; Emmanuel Lissignol, ingénieur en second.
Coque : longueur : 350 pieds (106.00 m) ; largeur : 45 pieds (13,70 m) ; creux : 33 pieds (10,06 m) : Creux sur quille : 30.54 pieds (9.31 m) ; jauge : 3400 tons bm (old builder’s measurement).
Machine : une paire de machines système Watt à balancier latéraux, de 850 à 900 chevaux de force nominale. Diamètre du cylindre : 94,5 pouces (238,76 cm) ; course du piston : 9 pieds (2,74 m). Les balanciers sont en fer forgé, longueur : 24 pieds (7,32 m), hauteur au centre : 7 pieds (2,13 m) ; épaisseur des flasques 2,5 pouces (6,35 cm).
Propulsion : 2 roues à aubes ; diamètre : 37,5 pieds (11,28 m) ; vitesse : 13,5 nœuds.
Houille en soute : 1,500 tonneaux.
Equipage : 50 matelots, 50 chauffeurs, ouvriers mécaniciens, etc. et 50 hommes de service pour les passagers.
Passagers : 315.
Marchandises : 1 000 tonneaux.
Innovation : Les manœuvres dormantes du Washington (étais, haubans) étaient couvertes de fil de fer. Ce système permettait aux bagues des voilures de mieux courir sur celles-ci avec un gain de solidité et de légèreté.
Expériences * à la mer :
Lors des essais du constructeur dans la Clyde (Écosse), la vitesse obtenue était de 13,5 nœuds.
Le Washington a fait ses expériences fin mai, début juin à Cherbourg devant les membres de la commission **
– au départ du Havre, sans la commission, marche pendant 24 heures ; vitesse de 12 à 13 nœuds.
– au départ de Cherbourg, avec la commission, même course pendant 24 heures.
– trajet mesuré de la digue de Cherbourg à l’ile de Wight, aller et retour ; temps : 8 heures ; vitesse : 13,5 nœuds.
– six courses consécutives devant Cherbourg, sur une base mesurée ; vitesse maximale : 14,3 nœuds.

* C’est ainsi que l’on appelait « les essais mer ». Cela a du sens pour moi ayant participé, pendant de nombreuses années, aux essais « vitesse et manœuvrabilité » sur les paquebots, méthaniers, navires militaires des chantiers de l’Atlantique.
** Composée de MM. Selva, capitaine de vaisseau, président ; Pastoureau Labesne et Villain, ingénieurs des constructions navales ; Astima, commissaire du gouvernement, près de la compagnie transatlantique.

Cette entrée en service fut suivie de celles du :
– Lafayette : commandé en 1862 au chantier de Scott de Greenock, lancé le 15 octobre 1863 et il quitta le Havre pour son voyage inaugural vers New York le 24 août 1864
– de l’Europe, lancé le, mis en service le ;
Ces bâtiments sont identiques au Washington.

Mises à jour :
22-10-2023 : Ajout du paragraphe « Concurrence anglaise » ; note sur le capitaine Duchesne ; compléments au chapitre « Les temps de navigation réalisés en 1864 »
24-10-2023 : Complément à la note (3) tableau S-4 du Washington.

A propos Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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