Le lancement d’un navire autour de 1864 – La cale de lancement

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En cette année 1864, deux navires vont être lancés, l’Impératrice-Eugénie (le 23 avril) et la France (le 1er octobre). Nous allons bien sûr évoquer comment les différents acteurs prirent part à l’organisation de ces deux fêtes : les transports ferroviaires et maritimes, la municipalité, le chantier de Penhouet et la foule des curieux qui assiste à celles-ci.
À la lecture des différents articles de presse qui les relatent, il m’a semblé nécessaire d’établir quelques prérequis, de vous proposer un peu de technologie, en l’occurrence de décrire le déroulement d’un lancement tel qu’il se pratiquait autour de 1864 et de définir quelques termes techniques communément rencontrés dans la presse et la littérature les évoquant.
Je dois avouer qu’il m’a fallu encore replonger au cœur de mon premier métier, traceur de coque de navire, ce qui a provoqué en moi, comme toujours, une lame de fond de nostalgie.

Le lancement d’un navire autour de 1864

La cale de lancement

V-1 – Cale et avant-cale – Dessin Michel-Claude Mahé

Le navire était construit le plus souvent * sur un plan incliné (la cale de lancement) dont la pente ** était dirigée vers l’eau et calculée pour permettre sa mise à l’eau par glissement (lancement du navire). Elle était constituée souvent d’un massif en maçonnerie sur lequel sont fixées de grosses poutres de bois.

*) Bien sûr, déjà à cette époque, on pouvait construire le navire dans un bassin de radoub, la ligne de tins le supportant par sa quille. La mise à l’eau se faisait en remplissant celui-ci. Ce procédé avait un inconvénient, il immobilisait un bassin pendant un temps assez long alors que leur nombre était limité dans les ports.
Le navire pouvait être aussi construit parallèlement au rivage et son lancement se faisait alors par le travers.

** Le navire glissant sur des coulisses suiffées, la pente de la cale doit être telle que la composante de son poids parallèle au plan de glissement soit suffisante pour vaincre la résistance de frottement.
P étant le poids du navire ;
Θ la pente de la cale ;
µ le coefficient de frottement ;
alors la condition pour que le navire se déplace est :

P sin θ > µ P cos θ d’où µ < tg θ

Dans les conditions ordinaires, la valeur minimale pour le coefficient de frottement µ est d’environ 0,036, soit à peu près 1/28. On considérait que le minimum admissible de la pente pour une cale de construction doit être de 1/25, soit 40 mm par mètre.

En France, dans les arsenaux, pour la construction des navires militaires, la pente adoptée pour toutes les cales de construction était égale à 1/12 soit 83 m/m par mètre. Dans les chantiers privés, pour des raisons d’économie, les pentes des cales étaient en général plus faibles et variaient entre 1/15 et 1/20 et même quelquefois jusqu’à 1/22.

Sa longueur devait être au moins égale à celle du plus grand navire prévu avec une certaine longueur au-dessous du niveau de l’eau (l’avant-cale) pour que le navire puisse atteindre le tirant d’eau nécessaire pour flotter librement. Nous verrons cela dans l’article consacré au lancement.
Sa largeur ne devait pas être inférieure au tiers de la largeur du plus grand navire prévu pour établir facilement l’appareil de lancement.
Les chantiers de construction possédaient plusieurs cales inclinées utilisées au gré des constructions successives. Elles étaient caractérisées, du fait de la nature du sol sur lequel elles étaient établies et leur mode de construction, par une charge maximale admissible représentée par le poids maximum des navires au moment de leur lancement.

V-2 – Tin – Vue transversale – Dessin Michel-Claude Mahé
V-3 – Ligne de tins – Dessin Michel-Claude Mahé

Les traverses supérieures (les corps morts) de la cale recevaient les tins de construction supportant le navire par l’intermédiaire de sa quille.
Chaque tin était constitué par un billotage superposé de 0,90 à 1,00 de longueur. Les éléments étaient rendus solidaires par de grands clous enfoncés obliquement et reliés par des gardes, elles aussi clouées. Les tins étaient contre-tenus par des arcs-boutants s’opposant au déversement sous l’action du poids du navire. Leur hauteur totale devait être telle qu’elle permettait les différents travaux liés à la mise en place du bordé des fonds. Leur hauteur libre était comprise entre 1 et 1,20 au-dessous des virures au plus près de la quille (les galbords).
Sur chaque tin, la pièce supérieure sur laquelle reposait la quille du navire était dressée suivant l’inclinaison voulue. Cette pièce devait pouvoir être enlevée pour permettre la mise en place de l’appareil de lancement. Alors, elle pouvait être tronçonnée partiellement et détruite à l’aide de coins ou démontable en la faisant reposer sur deux languettes taillées en biseau.

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About Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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