Ligne Saint-Nazaire à Vera-Cruz en 1865 – L’impératrice Eugénie

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Le mois dernier, faute de temps, je n’ai pu vous fournir qu’un article issu d’une série déjà écrite consacrée à l’histoire de la propulsion à vapeur. Conséquence imprévue : quelques lecteurs me demandent la suite ! Mon principe de travail, en général, étant de faire une chose, puis une autre, puis une autre, je vous propose de terminer la série consacrée au chantier Scott et à ses navires et de nous lancer ensuite vers cette nouvelle aventure.
Je vous propose dans ce nouvel article de vous rapporter ce que je sais des caractéristiques et des performances de l’Impératrice Eugénie.
Le salon des dames de ce navire était décoré par des céramiques d’un artiste très connu à cette époque : Michel Bouquet. Il m’était inconnu et je dois dire que j’ai pris grand plaisir à découvrir son oeuvre.

Ligne Saint-Nazaire à Vera-Cruz en 1865

Notre propos dans cette sous-série d’articles portera sur les premiers voyages de l’Impératrice Eugénie, premier steamer construit au chantier Scott à Saint-Nazaire. Nous y traiterons :
1) de l’Impératrice Eugénie (ses caractéristiques et performances) ;
2) de son équipage (le nombre, l’âge, leur solde, d’où viennent-ils ?) ;
3) de ses premières traversées (les passagers et les marchandises).
Il me semble qu’avant tout, nous devons rappeler, préciser quelques termes pour bien appréhender les explications qui vont suivre.

Petit lexique de termes de marine en usage autour de 1860

Paquebot : (de l’anglais packet-boat, de packet, paquet, et boat, bateau) bâtiment destiné à porter les lettres, les dépêches et les voyageurs. — Paquebot à vapeur (steamer) ; on dit aussi steamer en français.
Au XVIIe siècle, on trouve le terme : « Paquebouc » avec comme définition : « sont vaisseaux de passage qui trajectent ordinairement de Calais a Douures en Angleterre pour les passans et Messagers ». (E. Cleirac, Explication des Termes de Marine dans Us et costumes de la mer, Rouen, 1647)

Capitaine : titre de toute personne qui commande un bâtiment de mer d’une certaine grandeur. — Tout capitaine prend à bord le nom de commandant. — Le commerce a des capitaines au long cours et des capitaines au cabotage.

Second capitaine : l’officier suivant immédiatement en rang au capitaine d’un navire marchand.

Maître d’équipage : matelot expérimenté qui, sous les ordres des officiers d’un navire, a une autorité directe sur les matelots, mousses, etc.

Matelot : marin qui a navigué pendant plusieurs années et qui possède une connaissance pratique de toutes les branches du service de bord. Signifie littéralement ” marin capable ”.

Novice : terme par lequel on désigne un marin dont le temps de service n’a pas été suffisamment long pour le mettre au courant de tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un matelot ; terme moyen indiquant le rang entre un matelot et un mousse.

Mousse : jeune homme d’un âge au-dessous de seize ans et au-dessus de huit, qui est embarqué sur un vaisseau pour commencer l’apprentissage de l’état de matelot.

Chauffeur : homme employé à bord d’un steamer pour allumer et entretenir les feux des chaudières.

Soutier : un des hommes employés à bord d’un steamer pour amener les charbons des soutes à portée des chauffeurs, par lesquels le combustible est jeté dans les foyers des chaudières, et pour arrimer, c.-à-d. répartir les charbons lorsqu’ils sont mis dans les soutes.

Graisseur : un des hommes employés à bord de grands steamers, dont la fonction est d’huiler et de graisser les machines.

AA-1 – L’impératrice Eugénie (source : web)

L’Impératrice Eugénie

L’Impératrice Eugénie était un paquebot (en fer à roues), construit à Saint-Nazaire (France) dans les ateliers de MM. Scott et compagnie, lancé le 23 avril 1864, mis en service le 16 février 1865.

Jauge en douane : 3 200 tonneaux.

Ingénieurs de la Cie Générale Transatlantique : MM. Forquenot, en charge de la direction technique, et MM. Audenet et Noël, en charge de la surveillance de l’exécution des travaux.

Coque : longueur de l’arrière de l’étrave à l’étambot du premier pont : 105.30 m ; longueur de la flottaison en charge moyenne : 105 m ; largeur hors membres : 13,36 m ; largeur hors tambours : env. 22 m ; creux compté du dessous de la quille : 9,50 m ; profondeur de carène à la flottaison en charge moyenne : 6,0 m ; émersion du navire : 1,10 m ; déplacement au départ : 5 630 t.

Machines : Schneider & Co. constructeur au Creuzot (graphie de l’époque) ; puissance : 900 ch ; deux cylindres ; diamètre : 2 m 50 m ; course : 2 m 64 ; nombre de révolutions aux essais : 16,6 tours/minute.

Chaudières principales : surface de chauffe, non compris les cendriers et la boîte à fumée : 1 465 m2 ; surface des grilles : 48 m2 ; consommation moyenne de combustible en service : 83,5 tonnes/jour.

Houille en soutes : 1350 t. L’Impératrice-Eugénie devait parcourir 3,650 milles (de Saint-Nazaire à la Martinique) sans renouveler son approvisionnement de combustible.

Propulsion : diamètre des roues hors pales : 10,80 m ; hauteur de l’axe des roues sous quille : 8,50 m ; vitesse : 13 nœuds.

Equipage : pont ; 50 ; machines : 50 : services pour les passagers : 50.

Passagers : 300.

Marchandises : 900 t.

Le prix : le prix traité en 1862 par bateau complet, pour le type des Antilles, avec MM. Scot et Cie était de 2 850 000 francs, 1 950 000 francs pour la coque et 900 000 francs pour la machine.

Emménagement

À l’heure où j’écris, je ne dispose pas du plan d’emménagement du navire. Ce que je sais, c’est qu’il était à spardeck, un pont apparenté à un pont supérieur de construction plus légère régnant de bout en bout du navire. Dans cet espace consacré au logement des passagers, l’air et la lumière dans cette partie supérieure pouvaient être facilement distribués. Les cabines à ouverture extérieure, établies jusqu’à présent en petit nombre sur les steamers anglais, étaient munies d’un hublot pouvant s’ouvrir. Elles étaient considérées comme des cabines privilégiées et le voyageur payait un surplus sur le tarif.
À cette époque, le spardeck était généralement employé parce que son pont dégagé d »habitacles se défendait mieux à la mer, mais pour les paquebots lorsque le creux était réduit, il avait pour inconvénient, trop près de la mer, de n’être pas tenable pour les passagers et pour l’équipage dans les gros temps.

AA- 2 – Michel Bouquet
(source : BNF-Gallica)
AA-3 –Marine, peinture sur faïence de
Michel Bouquet (source : BNF-Gallica)

Décoration intérieure

Le salon des dames était orné de tableaux de paysages peints sur faïence au grand feu, par M. Michel Bouquet *. Selon un chroniqueur : « Le pinceau de M. Bouquet est gracieux autant que facile ; ses motifs sont bien choisis, et par exemple dans les tableaux qu’il a exécutés pour l’Impératrice-Eugénie, l’inspiration lui est venue de mettre à bord, en contraste avec la vue imposante de l’Océan, avec les agitations de la mer, le spectacle de la vie des champs, qui rappellera aux passagers tourmentés par le roulis, pendant les longues heures de la traversée, ce tranquille et doux plancher des vaches qu’a chanté Virgile. »

*) Michel Bouquet, né le 17 octobre 1807 à Lorient, décédé le 18 janvier 1890 à Paris dans sa quatre-vingt-troisième année.
« Tout jeune, il entra dans l’administration de la marine, à Lorient, qu’il quitta bientôt pour la peinture. Il a été beaucoup plus connu par ses faïences que par ses tableaux. Il peignit surtout la faïence sur cru. Le travail exige une grande légèreté de main. Il y excellait plus que ses imitateurs. Il fit ainsi de 900 à 1.000 pièces, dont de son propre aveu, la moitié environ a été parfaitement réussie, car dans cet art, il faut compter avec le feu.
Bouquet aimait à voyager. Il passa plusieurs années dans les provinces Danubiennes et en Italie. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur à l’occasion de l’Exposition de Melbourne.

Voir la notice complète : « Notice biographique de Michel Bouquet »

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About Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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