
Mon ami Jacques Hédin en retraite du Parc Régional de Brière, viens de faire paraître un très beau livre où il rend hommage à Jean-Pierre Saliou, photographe animalier : « LES MARAIS BRIERONS vus par un chasseur d’images complice ». Une promenade au cœur du marais faite de magnifiques photos pour ressentir l’âme et les richesses de notre mystérieuse Brière.
Articles connexes
L’estuaire de la Loire autour de 1875
Les types de navires à voiles
Les navires inscrits au port de Nantes en 1875
Les armements nantais au 1er janvier 1875
Les chantiers navals en Basse-Loire au 1er janvier 1875
Saint-Nazaire, naissance d’un port
La naissance des services transatlantiques en France de 1840 à 1855
La naissance des services transatlantiques en France – 1856 à 1860
La naissance des services transatlantiques en France – 1857 à 1861
1861 – De la Compagnie générale maritime à la Compagnie générale transatlantique
1862 – Compagnie Générale transatlantique – La Ligne du Mexique
1864 – La Compagnie générale transatlantique – La Ligne le Havre – New York
La Compagnie générale transatlantique en 1875
1862 – Le chantier de la Compagnie générale transatlantique
1862 – Le Chantier de la Compagnie générale transatlantique – Chronologie du chantier
Le lancement d’un navire autour de 1864 – La cale de lancement
Le lancement d’un navire autour de 1864 – Berceau de lancement sur coulisse unique
Le lancement de l’Impératrice-Eugénie, le 23 avril 1864
Petite histoire de la propulsion motorisée des bateaux – La liburne zoolique
Ligne Saint-Nazaire à Vera-Cruz en 1865 – L’impératrice Eugénie
Premier voyage de l’Impératrice Eugénie – 16 février au 15 avril 1865 – L’équipage
Notice biographique du capitaine Laurent Pierre, Michel, Albert.
Premier voyage de l’Impératrice Eugénie du 16 février au 15 avril 1865
Second voyage de l’Impératrice Eugénie du 16 mai au 10 juillet 1865 – Voyages et passagers
Principaux termes liés à la cargaison des navires au milieu du 19e siècle
Paquebot Impératrice-Eugénie, ligne du Mexique du 16 mai au 10 juillet 1865 – Route Vera-Cruz – Saint-Nazaire – Les marchandises débarquées le 10 juillet 1865 à Saint-Nazaire
Paquebot Impératrice-Eugénie, ligne du Mexique du 16 mai au 10 juillet 1865 – Route Vera-Cruz – Saint-Nazaire – Les marchandises débarquées le 10 juillet 1865 à Saint-Nazaire
Les ports de la ligne du Mexique autour de 1862
En réalisant cette petite étude sur la Compagnie générale transatlantique, sur les trois domaines : historique, technique, économique, et plus particulièrement, pour l’instant, sur la ligne Saint-Nazaire – La Vera-Cruz, il m’a semblé indispensable de parler des ports. Nous reviendrons un peu plus tard sur le chantier Scott et les navires de la Compagnie ; j’ai encore beaucoup de choses à vous dire.
La Vera-Cruz, La Vera-Cruz… ce vocable hante depuis un bon moment mes articles et je me suis demandé à quoi cette ville pouvait ressembler en 1862 *. Quoi de mieux que de se référer aux témoins de l’époque avec leurs précieuses observations, empreintes de la situation, de leur vécu du moment et de leur sensibilité.
C’est l’objet des trois articles à venir qui traiteront sur : la situation géographique ; la ville ; la vie quotidienne et économique à la Vera-Cruz.
*) 1862 correspond au début de l’intervention française au Mexique et de facto à l’inauguration de la ligne Saint-Nazaire – La Vera-Cruz afin que le gouvernement puisse obtenir plus fréquemment des nouvelles du corps expéditionnaire et donner ses directives. Voir l’article : « 1862 – Compagnie Générale transatlantique – La Ligne du Mexique ».
La Vera-Cruz * – Situation géographique
*) Graphie de l’époque
La côte de l’état de Vera-Cruz avec ses nombreux replis s’étend sur 670 km (160 lieues mexicaines), cependant les mouillages étaient difficiles et peu sûrs à cette époque, Celui de Vera-Cruz était mauvais et n’offrait aucune sécurité. Ceux de Boca del Rio, Antigua, Juan Angel, Tuxpan, Chuchalacas, Tampico et Guasacualco étaient un peu meilleurs mais barrés par des bas-fonds. Tampico et Alvarado pouvaient être abordés à marée haute, Guasacualco à marée basse, mais la plupart des autres n’étaient accessibles qu’avec de petites embarcations et le plus souvent à la saison des pluies.

La Vera-Cruz était et reste le port le plus important de la côte orientale du Mexique, au fond du golfe du même nom, entre Tabasco et Tampico. Elle est à environ 392 km (93,5 lieues mexicaine *) par la route ordinaire, de Jalapa et de Puebla, à l’Est de la capitale Mexico.
*) La lieue mexicaine est de 5,000 varas; la vara vaut 5 pieds mexicains, le pied mexicain vaut en moyenne 0,278636 m; la lieue mexicaine vaut donc 4179,54 m.

Quelques heures avant de voir la côte mexicaine, après une traversée d’environ vingt-cinq jours, les passagers en provenance de Saint-Nazaire apercevaient le pic d’Orizaba, premier signe que la fin de leur voyage était proche. Bientôt le navire mouillera dans la rade de Vera-Cruz délimitée par la ville, le château San Juan, l’île Sacrificios et l’île Verde, où les navires pouvaient relâcher.
C’était la seule sur la côte orientale et elle n’offrait aucune sécurité. L’abri du château San Juan était leur seule défense contre les vents du Nord. Ces derniers amenaient avec eux de très violentes tempêtes qui, très souvent, même en doublant leurs ancres, faisaient déraper les navires et les poussaient à la côte. Dès lors que les conditions météorologiques se dégradaient, les vapeurs s’empressaient de prendre le large pour éviter tout désastre.
*) Il est dit que l’île de Sacrificios, doit son nom aux sacrifices humains dont elle était le théâtre sous le règne des empereurs Aztèques, adorateurs du dieu sanguinaire Mexitli.

Le long de la terre ferme, s’étendait une plage sablonneuse sur laquelle s’échouaient quelques troncs d’arbres et où croissaient quelques pieds de cactus.
La plaine dans laquelle était située Vera-Cruz était parsemée de meganos, de très petites dunes serrées les unes contre les autres et composées de sable fin déplacé par la violence extrême des vents du nord. Elles lui donnaient l’air d’une région sablonneuse *, d’un désert. Elles accumulaient la chaleur et pendant la saison chaude transformaient l’air ambiant en fournaise. Ces dunes interceptaient le cours des ruisseaux, permettant l’installation de terrains marécageux couverts de mangliers et de broussailles. Ces eaux dormantes, où des matières végétales et même animales, entraient en putréfaction, altéraient la qualité de l’eau consommée par la population et étaient propices au développement de maladies dont le typhus et surtout la fièvre jaune, véritable fléau de la région.
*) La configuration de ces dunes est souvent comparée, à l’époque, à celle des départements français de la Gironde et des Landes.

Le château de San Juan de Ulúa *
Le château de San Juan de Ulúa, s’élève en face de Vera-Cruz, sur le bas-fond de la Gallega. Il a été édifié à partir de 1565, lors de la colonisation espagnole du Mexique, pour protéger la ville qui de ce côté ne possédait que de petites redoutes. Du fait de sa position, il commandait le port et tous les navires obligés de se tenir entre lui et la ville. Les bâtiments de guerre s’amarraient à des anneaux fixés à la muraille du château.
Il comprenait de vastes magasins et des citernes établies à grand frais pour assurer à la garnison une eau plus salubre que celle que les habitants de Vera-Cruz tiraient des ruisseaux environnants.
*) Juan de Grijalva, le premier Espagnol qui ait débarqué au Mexique, précédant Cortès d’un an, avant d’aborder sur la terre ferme, mit pied à terre sur un îlot où fut construit plus tard le château. Il y trouva les restes de victimes qui venaient d’être sacrifiées. Il s’enquit auprès des indigènes du pourquoi d’un tel sacrifice. On lui répondit que c’était un ordre des rois d’Acolhua *. Présumant que c’était ainsi que s’appelait l’ilot, il le consigna comme Ulua ou Ullea.
Mises à jour :
04-02-2025. Complété Carte AH1 avec les mouillages
05-02-2025. Ajouté paragraphe les mouillages sur la côte ; Modifié couleur mer carte AH2 ; Complété carte AH1 : Etat de Vera-Cruz.
14-02-2025. Ajusté quelques tournures et expressions.

