
Mon ami Jacques Hédin en retraite du Parc Régional de Brière, viens de faire paraître un très beau livre où il rend hommage à Jean-Pierre Saliou, photographe animalier : « LES MARAIS BRIERONS vus par un chasseur d’images complice ». Une promenade au cœur du marais faite de magnifiques photos pour ressentir l’âme et les richesses de notre mystérieuse Brière.
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Paquebot Impératrice-Eugénie, ligne du Mexique du 16 mai au 10 juillet 1865 – Route Vera-Cruz – Saint-Nazaire – Les marchandises débarquées le 10 juillet 1865 à Saint-Nazaire
Compagnie générale transatlantique – Les ports de la ligne du Mexique autour de 1862 – La Vera-Cruz – Situation géographique

Les ports de la ligne du Mexique autour de 1862
Me transporter par la pensée parmi les voyageurs ; découvrir ce que ce voyage allait nous offrir ; être confronté aux difficultés rencontrées ; appréhender les motivations de mes compagnons de voyages, ces aventuriers débarquant à la recherche de la fortune, de négoces lucratifs, de découvertes scientifiques inédites ; comprendre les enjeux économiques du moment sous fond de politique.
Pour cette étude, il m’était nécessaire de contextualiser, de poser le décor. Les choses maintenant me paraissent un peu plus claires. J’espère qu’elles le seront pour vous aussi.
Un effet immédiat, un romancier utilise mes données pour installer ses personnages dans le Vera-Cruz de l’époque…
La Vera-Cruz – La ville
Le 21 avril 1519, Fernand Cortès débarqua à très peu de distance de La Vera-Cruz actuelle où il y fonda, sur le territoire des Totonèques, le premier établissement espagnol sur cette côte. Il le dénomma Villa-Rica de la Vera-Cruz. Lui et ses compagnons étaient animés par la soif de l’or d’où sa dénomination « Ville riche » et c’était le vendredi saint, pour cette raison il y attacha « de la Vraie Croix ».
La ville actuelle fut fondée par le vice-roi comte de Monterey en 1580 pour servir de base au pouvoir espagnol. Elle reçut son privilège de villa en 1615.
Elle a la forme d’un quadrilatère allongé. Emprisonnée dans ses remparts, elle était donc isolée à la fois de la mer et de la terre, elle était le bastion du pays contre les assauts venant de la mer.
Emprisonnée dans ses remparts, entourée d’un désert malsain, Vera-Cruz avait de la peine à retrouver sa prospérité d’avant la révolution qui sépara le Mexique de l’Espagne *.
*) Les Espagnols furent chassés de Vera-Cruz en 1821.

David Rumsey Map Collection
Infrastructure et bâtiments militaires
1- Baluarte de Santiago ; bastion Saint-Jacques ;
2- Escuela Práctica y parque de Artilleria ; Ecole Pratique et Parc d’Artillerie ;
3- Baluarte de S. José ; bastion Saint-Joseph ;
4- Baluarte de S. Fernando ; bastion Saint-Ferdinand ;
5- Puerta de la Merced ; porte de la Merci ;
6- Cuarteles y Galera ; caserne ;
7- Baluarte de Sta Barbara ; bastion Sainte-Barbara ;
8- Baluarte de Sta Gertrusis ; bastion Sainte-Gertrude ;
9- Puerta Nueva ; porte Neuve ;
10- Baluarte de S. Javier ; bastion Saint-Xavier ;
11- Baluarte de S. Mateo ; bastion Saint-Mathieu ;
12- Puerta de México ; porte de Mexico ;
13- Baluarte de S. Juan ; bastion Saint-Jean ;
14- Baluarte de Conception ; bastion Conception ;
15- Castillo de S. Juan de Ulúa ; château de S. Juan de Ulúa ;
16- Hospital militar ; hôpital militaire ;
Infrastructure et bâtiments civils
A- Isla de Sacrificios ; île Sacrificios ;
B- Isla Verde ; île Verde ;
C- El Rastro ;
D- Los Hornos ;
E- Camino de la Laguna de los Cocos y Mabóran ; chemin de la Laguna de los Cocos y Mabóran ;
F- Camino de Mexico ; chemin de Mexico ;
G- El Composanto ; le cimetière ;
H- Río Tenoya ; rivière Tenoya ;
I- Plaza de Toros ; arènes ;
J- Alameda ; promenade Alameda ;
K- Estacion del Ferro-carril ; Vera-Cruz a San Juan ; gare ferroviaire Vera-Cruz à San Juan ;
L- Muelle ; môle ;
M- Porte du Môle ;
N- Comisaria ; la trésorerie ;
O- Aduana ; la douane ;
P- Plaza Caleta ; Place de la Caleta ;
Q- Carniciera ; la boucherie ;
R- El Mercado ; le marché ;
S- Place d’Armes ;
T- Palais du gouverneur ;
U- Theatro ; théâtre ;
V- Hospital Civil ; hôpital civil ;
W- La casa de Diligencias ; hôtel des Diligences ;
X- La Noria. Depósito de agua ; la Noria, réservoir d’eau ;
Y- Almacenes de la Aduana ; nntrepôts de la douane ;
Z- Las Californias ; entrepôts construits entre 1847 et 1848 pour abriter les muletiers et enfermer les mules et leurs équipements.
Bâtiments religieux
a- Capilla des St del Buen viage ; chapelle Saint du Bon Voyage ;
b- Capilla de la Pastora ; chapelle de la bergère
c- Convento de San Agustín ; couvent Saint-Augustin ;
d- Convento de San Francisco ; couvent Saint-François ;
f- La Parroquia ; église cathédrale paroissiale ; (aujourd’hui appelée cathédrale Notre-Dame de l’Assomption). Sa construction a été achevée en 1731.
g- Convento de Santo Domingo ; couvent Saint-Dominique ;
h- Convento de la Merced ; couvent de la Merci ;
i- Covento de Belén y Hospital de San Sebastian ; couvent de Belén et hôpital de Saint-Dominique
Autres
α- La Guaca * ; La Guaca.
*) Lieu ou construction consacré au culte des dieux de certaines cultures précolombiennes américaines.
La population de Vera-Cruz en 1863 était évaluée entre 12 000 ou 15 000 âmes. Les voyageurs la trouvaient assez jolie dans son ensemble. Il y avait quelques beaux quartiers et quelques belles maisons mais d’autres fort laids et malpropres.
Les défenses, les murailles et la plupart des maisons étaient construites en pierre issue de roche madréporique, dite de mucara, la seule dans l’environnement immédiat *.
*) Seule la courtine de San Fernando est en pierres dures. On dit qu’elles furent apportées d’Espagne, à l’époque de la construction du fort, par les navires de commerce, le gouvernement leur imposant un certain nombre à titre de lest.
Les rues, tirées au cordeau, se coupant à angles droits, étaient larges et bien pavées. Les principales étaient munies de trottoirs faits de plâtre battu et bien nivelé sur lesquels, selon un chroniqueur, il était agréable de marcher. À partir de 1797, l’éclairage public était constitué de lanternes alimentées à l’huile puis en 1855, les rues et les maisons se sont vues éclairées au gaz *.
*) Ce service, comportant plus de 3 000 points lumineux, avait été créé à titre privé par le Dr. Gabor Naphegyi, avec un contrat de 15 ans avec la municipalité de Veracruz, mais celle-ci a pris possession des installations en 1857. La centrale était installée dans un ancien fortin à l’extérieur des murs.
Du fait de la configuration du terrain, les rues de La Vera-Cruz manquaient cruellement de pente pour évacuer les eaux vers la mer ; elles croupissaient dans l’unique ruisseau établi en leur milieu.
On tentait bien d’assuré leur propreté par des forçats (presidios), la chaîne au pied, balai en mains, sous la surveillance d’un argousin, mais cette tâche était tout de même le domaine exclusif de puissants auxiliaires : des bandes de zopilotes, une espèce de vautour noir qui abonde dans le Mexique et que les habitants laissent croître et se multiplier. Ils se disputaient avec les chiens, devant les maisons, les immondices et les débris d’animaux jetés par les habitants à même la rue. Leur zèle pour le nettoyage était récompensé par une tolérance absolue. Tout individu qui en tuait un se voyait infliger une amende de vingt-cinq piastres. Ils avaient envahi la ville et ne se dérangeaient à peine à votre passage. La nuit, ils se perchaient sur les corniches des maisons, les monuments publics et sur les dômes des églises.
Lorsque la situation était trop critique, la municipalité faisait répandre du chlorure de chaux par les rues.

Débarquant sur le môle, le voyageur passait la porte du Môle * pour pénétrer dans la ville. Un chroniqueur la décrivait ainsi : « Une sorte d’arc de triomphe dont le portique principal est flanqué de quatre portes basses, rectangulaires, surmontées d’écussons ou bas-reliefs et séparées par des pilastres qui supportent l’entablement ». Elle reliait les bâtiments de la douane à ceux de la trésorerie, constructions basses et uniformes, ornées de portales. Il pénétrait sur la place du Môle, un endroit des plus animés de la ville.
*) Porte de la Mer dans certains ouvrages.
Se loger
Vis-à-vis de la porte du môle se trouvaient l’hôtel San Carlos ou gran sociedad, la fonda des commercio et quelques habitations particulières. À l’angle occidental s’élevait le clocher du Convento de San Francisco (Couvent Saint-François), le plus beau et le plus riche de la ville.
Il pouvait aussi se loger à l’hôtel « La casa de Diligencias » sur la place d’Armes, en face du palais du gouverneur. L’hôtel était un véritable palais : une double rangée de cloîtres superposés, à colonnes de marbre, environnaient la cour. Les appartements étaient dallés, vastes et hauts de plafond ; tout était d’une propreté exemplaire.

BnF- Gallica.
Les maisons étaient généralement vastes, élégantes, bien aérées, alignées et surmontées de terrasses sur lesquelles, le soir, on respirait un air frais.
Quelques-unes étaient richement ornementées avec des balcons couverts de légères galeries cintrées, soutenues par de gracieuses colonnettes. Sur les bords des balcons et des toits en terrasses donnant sur la rue, des gargouilles gigantesques étaient installées pour déverser, bien au-delà du trottoir, les eaux très abondantes de la saison des pluies. Elles servaient naturellement de perchoirs aux zopilotes *.
On y voyait plusieurs églises monumentales et remarquables parmi lesquelles : La Parroquia (l’église paroissiale), Saint-Dominique, Notre-Dame-de-la-Merci et des édifices de belle facture : le palais du gouverneur, la douane, le théâtre, les grandes casernes, les arènes.
Vera-Cruz possédait plusieurs hôpitaux toujours pleins de malades et une promenade (Alameda) toujours déserte et mal entretenue.

Cornell University Libraryer paragraphe.
Mises à jour :
08-03-2025 ; ajouté La Guaca sur fig AL1.
14-03-2025 ; modifié transposé par transporté.