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Ma curiosité m’a poussé à regarder ce qu’étaient les routes entre Vera-Cruz et Mexico en consultant les récits de voyages au Mexique autour de 1862.
Faut-il rappeler notre fil rouge : « Le chantier Scott et les navires exploités par la Compagnie générale transatlantique / La ligne du Mexique et ses ports ». Je m’en suis éloigné comme d’habitude. Mais nous allons y revenir, comme Thésée et le fil d’Ariane ; au bout du bout, il nous servira à revenir en arrière. Ce comportement, je le dois à un de mes maîtres et ami ; il m’avait dit il y a bien longtemps : « Pour discuter d’un sujet, il faut toujours le connaître dix fois sinon… abstiens-toi ». *
* Merci Roger !
Alors, il m’a semblé utile de voir les conditions rencontrées par les voyageurs qui quittaient Vera-Cruz pour Mexico. Pour voyager de Saint-Nazaire à Mexico, sans nul doute, il fallait un tempérament d’aventuriers, car les routes étaient dans un état déplorable et présentaient tous les dangers (chariots embourbés pendant plusieurs heures, essieux cassés, roues brisées, attaques de brigands).
Les routes de La Vera-Cruz à Mexico

Dessin Michel-Claude Mahé
Généralités
Autour de 1862, Vera-Cruz était le seul port du Mexique lié avec l’intérieur du pays par une route carrossable. Tous les autres ports de la côte Est n’étaient accessibles que par des sentiers où deux mulets ne pouvaient passer de front.
Pour se rendre à Mexico à partir de Vera-Cruz, on pouvait prendre la route de Jalapa et La Puebla (392 kilomètres ; 93 1/2 lieues mexicaines *), la seule carrossable, ou bien la route d’Orizaba qui rejoignait la précédente à Amozoc. Elles se confondaient ensuite jusqu’à Mexico. L’une et l’autre de même longueur présentaient les mêmes difficultés.
*) La lieue mexicaine est de 5,000 varas ; la vara vaut 5 pieds mexicains, le pied mexicain vaut en moyenne 0,278636 m ; la lieue mexicaine vaut donc 4179,54 m.


Les transports de marchandises se faisaient à l’aide de caravanes formées de mules et muletiers ou de lourds chariots tirés par des mules. * Les routes étaient dans un état déplorable et présentaient tous les dangers : chariots embourbés pendant plusieurs heures, essieux cassés, roues brisées, attaques de brigands ou de guérillas.
À partir de Vera-Cruz, pour traverser les dunes (meganos) emprisonnant des marécages, la voiture était mise sur un chemin de fer dont les wagons étaient tirés par des mules sur quatre lieues.
*) Les transports entre Mexico et La Vera-Cruz occupaient environ 70 000 mules.
Les chariots du roulage mexicain étaient très lourds. Montés sur quatre roues énormes, ils portaient en moyenne 3 500 kg et étaient tirés généralement par un attelage de douze mules voire seize. Dans les régions soumises à la saison des pluies, de mai à octobre, on cessait de les utiliser, les routes devenant alors impraticables pour ce type de matériel.
Celui des voyageurs se faisait par un mauvais service de diligences généralement tirées par huit mules et, dans de bonnes conditions, il fallait 3 ou 4 jours pour parcourir les 392 km. Construites aux États-Unis, elles étaient particulièrement robustes pour résister à ces routes chaotiques.

Les voleurs de grands chemins étaient très redoutés ; les points les plus fréquents où ils œuvraient se situaient aux environs de Perote, de la Puebla et de Rio-Frio. À l’approche de ceux-ci, l’apparition d’un homme armé mettait en émoi les voyageurs non aguerris. Ceux qui ne se défendaient pas étaient rarement assassinés, les voleurs se contentaient de les voler. Il ne fallait pas emporter beaucoup d’argent, juste le nécessaire, pour éviter d’être arrêté les mains vides. Posséder au moins une cinquantaine de francs évitait de mettre les voleurs de très méchante humeur et de subir des traitements fâcheux. Ceux qui n’avaient pas pris cette précaution l’ont regrettée *.
*) Quelques années auparavant, on lut affiché dans les rues de Mexico l’avis suivant : « Le général des bandes, ayant été informé que les voyageurs se dispensent d’emporter une somme raisonnable avec eux, les prévient que ceux qui ne seraient pas trouvés porteurs de douze piastres seront bâtonnés. »
Sinon, les voyageurs pouvaient prendre le parti de se défendre, mais seulement dans le cas où ils étaient tous bien armés ; ils étaient alors rarement attaqués. Mais si seulement un ou deux étaient armés, ils faisaient prendre beaucoup de risques à leurs compagnons de voyage.
Il était utile d’avoir une escorte bien qu’elle arrivât souvent au grand galop après que les voleurs avaient fait leur coup. Renseignée par les aubergistes, elle était de mèche avec les voleurs mais rappelait tout de même à ces derniers qu’il ne fallait pas toujours arrêter les voyageurs qu’elle était censée protéger.