Mon père est né en octobre 1913 à Saint-Nazaire. Il avait six ans lorsque sa sœur et lui devinrent orphelins. Son père était mort à table, le soir de Noël, d’une crise cardiaque.
Elle fut prise en charge par la famille tandis que lui, je ne sais pas pourquoi, fut placé chez une nourrice à la Roche-Bernard. Par la suite il l’a toujours considérée comme sa mère adoptive.
Il avait beaucoup de rancœur pour cette famille qui l’avait abandonné.
Il aimait raconter ses bêtises d’enfant, par exemple, il tendait un fil dans l’allée centrale de la nef de l’église pour que les fidèles allant à la communion se prennent les pieds dedans, mais celle dont il était le plus fier et qu’il racontait avec un plaisir évident était la suivante :
Chaque dimanche, à la messe, les enfants étaient placés dans l’église près de l’harmonium. Ayant le temps d’observer le travail de l’harmoniumiste qui, il me semble, était aussi le sacristain, il avait remarqué qu’un certain nombre de touches servaient plus souvent que les autres.
Le dimanche suivant, avant la messe, il s’était introduit dans l’église et avait bloqué quelques touches du clavier avec des allumettes, celles qui lui semblaient les plus utilisées lors de ses observations préalables,.