A onze ans il entra comme apprenti chez son oncle qui tenait une boucherie à Saint-Nazaire. Là, il rencontra ma mère qui travaillait comme servante. Ils se plurent et se marièrent. En 1936, ils vécurent la montée du front populaire. Ma mère a toujours eu de l’admiration pour Léon Blum. En 1937 naissait Louis.
Puis vint la mobilisation de 1939. Mon père parti à la guerre, elle fut embauchée dans une usine d’armement à Nantes où elle usina des obus sur un tour. Elle habitait alors sur le Quai d’Orléans au n°13.
Elle racontait volontiers sa guerre et notamment cette petite histoire :
Une vieille Bretonne avait été arrêtée par les allemands à Nantes. Elle les avait toisés, nargués avec toute la fierté des femmes de notre région. Pour la punir, ils lui intimèrent de tourner dans la cour de la Kommandantur en criant : « Vive le Führer!» Elle s’exécuta et en fit le tour, plutôt de bonne grâce, en levant le bras et criant en breton de toutes ses forces « xxxxxxxx! »
Les soldats en faction et quelques officiers à la fenêtre riaient, contents de voir ce spectacle insolite. Mais ce qu’ils ignoraient c’est qu’en fait elle disait: « Met ton doigt dans mon derrière! Met ton doigt dans mon derrière…»