Dès les beaux jours, le dimanche, à l’époque les ouvriers travaillaient six jours sur sept, nous allions à bicyclette à la plage de Saint-Marc-sur-Mer charmante station balnéaire familiale située à 6 km à l’ouest de Saint-Nazaire immortalisée par Jacques Tati par son film Les vacances de M. Hulot en 1951.
Nous faisions, toujours à bicyclette, ce que mon frère et moi appelions ‘Les grands voyages’ vers Pénestin, Piriac où nous nous adonnions à notre passe-temps favori la pêche à pied. Je me souviens d’un orage très violent lors d’un périple à Pont-Château sur la tombe de Paul le frère de maman.
Marcel roulait sur son petit vélo blanc et de temps en temps mon père se mettait à couple et l’aidait en le poussant. Moi j’étais sur le siège arrière de ma mère. Nous arrêtions pour pique- niquer, en général dans un café muni du panonceau « Ici on reçoit avec provisions ». Le nombre de voitures augmentant rapidement ces escapades, de l’avis de ma mère, devinrent trop dangereuses et cessèrent.
Autre voyage, chaque année, ma mère nous emmenait à Nantes avec les autocars Drouin. Nous partions de très bonne heure. Le voyage était long et le car s’arrêtait dans chaque bourgade. Nous descendions à la gare routière du Cours des 50 Otages. Puis nous allions directement au Saint des Saints le magasin Decré haut lieu de la consommation de l’époque. J’avais plaisir à parcourir ce lieu extraordinaire et surtout à prendre les escaliers mécaniques.
La leçon de bicyclette
Vint le jour pour moi de prendre ma première leçon de bicyclette. Elle eut lieu sur une placette circulaire entre deux immeubles avec en son centre un lampadaire et bordée par des espaces verts.
Mon père me fit monter sur le-petit-vélo-blanc de Marcel et le constat fut immédiat : il était trop grand pour moi, même en baissant la selle au maximum. Mes pieds ne touchaient pas les pédales, il manquait un ou deux centimètres.
« Des cales feront l’affaire. » pensa-il et il installa deux plaquettes de bois sur celles-ci.
Un premier essai fut mené en ligne droite. Les pédales étant déséquilibrées par leur charge additionnelle, les cales se plaçaient vers le bas dès que je levais quelque peu les pieds ce qui avait pour conséquence d’annihiler le système.
Nouvelle idée : Il fixa mes pieds sur les pédales avec des rondelles de chambre à air en prenant soin de vérifier que je pouvais les retirer facilement.
Le second essai en ligne droite fut concluant. Il courrait à côté de moi en me maintenant en équilibre. Je sentais sa main rassurante sur mon dos et je pédalais avec entrain.
Bientôt je fis le tour de la placette toujours avec mon père à mes côtés et après plusieurs tours, peut être était-il fatigué ? Il me laissa aller seul.
Ne sentant plus sa main protectrice, abandonné à mon sort, condamné à pédaler, je fus pris de panique et chutais lourdement sur le côté, les pieds toujours emprisonnés.
Mes cris attirèrent quelques voisins aux fenêtres et aux loggias et surtout ma mère qui se demandait ce que l’on faisait à son pauvre petit.