L’alimentation

L’essentiel de notre alimentation provenait de la pêche. Mon père allait souvent de nuit sur le vieux môle de Saint-Nazaire avec le carrelet mobile d’un de ses amis. Le prix de la location : le partage de la pêche.  

Lorsqu’il eut le projet d’en acheté un,  il essuya un refus net de ma mère. Elle n’en voyait pas la nécessité.

Son ami souhaitant vendre le sien, il emprunta en cachette un peu d’argent et en fit l’acquisition. Les premières prises furent vendues pour rendre le prêt.

Il s’avérera que c’était vraiment une très bonne idée. La ressource, de ce fait, augmenta et la part vendue assura un complément non négligeable dans l’économie du ménage.  Ma mère devint ipso facto une spécialiste pour cuisiner le poisson… surtout pour varier les menus. Fritures, matelotes d’anguilles, mulets au four, plies à la meunière furent du menu midi et soir.

En février, c’était les civelles que nous achetions au marché sous la forme de pains de cent grammes ou directement aux pêcheurs du petit port de Méan.

Chaque grande marée, quand c’était possible, nous nous adonnions à la pêche à pied (moules, bigorneaux, berniques, huîtres) à Saint-Marc-sur-mer. On emplissait un sac de jute.

La pêche à la crevette se pratiquait au haveneau en face le collège Saint-Louis sur le front de mer à Saint-Nazaire. Les coques plage Benoit à la Baule.

 

La soupe était le plat incontournable du soir. La soupe de pain, bouillon de légumes ou de viande dans laquelle étaient incorporées des gros morceaux de pain dur, était la plus courante. Parfois mon père faisait chabrol : il ajoutait un peu de vin rouge au reste de son bouillon.

Je préférais la soupe de lait : le lait mijote doucement avec des oignons préalablement revenus dans du beurre puis on incorpore des morceaux de pain dur.

Lorsqu’il faisait très chaud ma mère préparait une soupe à la pie ou trempinette, c’était du pain trempé dans un mélange, servi très frais, d’eau, de vin et de sucre.

 

Plus rarement elle nous faisait des galettes et des crêpes (ces dernières surtout à la Chandeleur), la bouillie de blé noir ou groux dans laquelle nous faisions un puits pour mettre le morceau de beurre et nous la dégustions à la cuillère. Elle était meilleure le lendemain, coupée en cubes et passée avec du beurre à la poêle.

 

Avant de l’entamer, le pain était signé sur l’envers par une croix faite à la pointe du couteau. S’il ne reposait pas sur le bon côté nous avions une petite réflexion du genre: « Respecte le pain petit, il est dur à gagner.» Jamais il n’était gaspillé, il terminait souvent en pain perdu : Les tranches sont trempées dans un mélange de lait et d’œufs fouettés. Elles sont cuites à la poêle de chaque côté puis servies saupoudrées de sucre.

Mon père terminait toujours son repas par une tartine beurrée.

A propos Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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