Le drame !
La matinée s’était bien passée, l’atelier fonctionnait normalement. Je pouvais de mon bureau, en écoutant les bruits produits par les différentes machines, la respiration de l’atelier, connaître où en était la fabrication des ensembles de navires.
Jade* la jeune stagiaire en communication entra dans le bureau le visage défait, les yeux gonflés par le chagrin.
« Puis-je téléphoner ? me demanda-t-elle.
— Je t’en prie. »
Elle composa le numéro, mit le haut-parleur et s’assit.
« Allô Docteur, bonjour c’est Jade, je viens aux nouvelles.
— Oui, bonjour Mademoiselle, nous l’avons mis sous sédatif hier soir mais ce matin nous n’avons pas pu le réveiller… il est dans le coma.
— Qu’en pensez-vous ? Pouvez-vous le sauver ?
— Difficile à dire mademoiselle, le choc a été très violent…»
« Hé ! Un problème » me dis-je. En bon tacticien je commençai immédiatement à réfléchir aux mesures à appliquer : « Je ne peux pas décemment la laisser partir en voiture, pensai-je, ni la raccompagner, j’ai une réunion importante. Je l’ai provoquée, je ne peux pas me dérober. »
« Il faut le sauver Docteur ! Faite tout votre possible !
— Nous faisons tout notre possible Mademoiselle mais il faut comprendre que son pronostic vital est engagé, son bassin est fracturé… »
« Si je contacte Mme D., la responsable des chauffeurs de l’entreprise, je peux la convaincre de l’emmener lors du transfert d’un client vers l’aéroport. Cela un fait crochet mais c’est faisable… »
« Il faut être raisonnable, Mademoiselle, je comprends votre chagrin mais il faut accepter l’évidence, continua le Docteur.
— C’est-à-dire ?
— Je pense que ce soir si il n’y a pas d’améliorations… il faudra l’euthanasier. »
A ces mots, Jade fondit en larmes et je restai abasourdi
« Mais qui doit-on euthanasier ? Demandai-je
— Mon petit chat, Monsieur, mon petit chat. »
* Prénom inventé