Commandant Rivière – Diego Garcia, îles Chagos, océan Indien,

CarteMondeAnnoteeDiegoGarcia

 

DiegoGarcia

Diego Garcia est un atoll de l’archipel des Chagos, dans le territoire britannique de l’océan Indien. L’île principale, s’appelant elle aussi Diego Garcia, accueille une base militaire britannique louée à l’armée américaine.

 

Diego Garcia, îles Chagos, océan Indien, le 18 février 1973 (lettre à Marlyse)

Nous sommes au mouillage, à quelques encablures de l’atoll de Diego Garcia. C’est une base stratégique américaine. La végétation est composée de cocotiers. La mer est d’un bleu extraordinaire et à l’ombre de la coque nous pouvons apercevoir le fond.
Ce matin, sur la plage arrière, des gars se sont mis à pêcher. Ils ont sorti des poissons multicolores comme on en voit à l’aquarium du Croisic. Ils ont tenté de pêcher le requin mais sans succès, la viande n’était pas assez saignante selon leurs dires. C’est drôle de voir les squales tourner autour de l’hameçon*. Nous avons vu aussi un barracuda.

Qu’y a-t-il sur cet atoll ? des engins de travaux publics, des baraquements pour abriter les quelques cent américains qui vivent là, sans compagnie féminine, pendant huit mois. Ils étaient très heureux de nous recevoir.
Nous avons mangé de la langouste avec de la …purée de pommes de terre**. Ils mangent de la langouste comme nous les sardines en Bretagne.
Nous restons que vingt quatre heures, demain à dix heures nous repartons vers Djakarta.
Tout va bien pour moi le moral est meilleur. En ouvrant mon caisson, parfois, je ne peux m’empêcher de lire une lettre de ma mère, ça me fait quelque chose.

Diego Garcia, îles Chagos, océan Indien, le 18 février 1973. (Lettre à mon père)***

Je suis en ce moment à Diego Garcia, aux îles Chagos dans l’océan Indien. Ce sont des atolls où les américains ont construit une base. Nous avons été très bien reçus. Tout était gratuit, la bière, le repas, le cinéma. Nous sommes les rois !
Je me retrouve avec une casquette et une veste de l’armée américaine contre mon bachi – mon béret de marin – et mon treillis****. C’était plaisant de voir les gars monter à bord, ils avaient tous pratiquement changé de tenue. Demain, sur la plage arrière, à l’appel, beaucoup seront sans bachi. Moi j’ai pris mes précautions.

Et toi mon petit père tu dois te sentir bien seul, aussi écris moi, donne-moi de tes nouvelles, ce que tu fais. Je sais c’est difficile et tu n’as pas beaucoup de temps. Ça me ferait tellement plaisir. Dans soixante-dix jours je serai près de toi. Je partirai dans les environs du 5 mai par avion de Papeete (Tahiti).
J’ai envie de faire quelques parties de pêche en Brière, mais tu me connais, doué comme je suis, tu me prépareras les lignes.

Ma lettre partira demain à quelques heures du départ, tu la recevras lorsque je serai en mer vers Djakarta (Indonésie) près de la Chine.
Je suis vanné car la chaleur est torride, 40 à 45°C à l’ombre au cœur de l’après-midi.
Le moral est bon… enfin relativement.

* Cette petite histoire m’a été racontée à bord. Lors d’une pêche identique, et après que le requin fût hissé sur le pont et laissé pour mort, un matelot eut la bonne idée de se faire prendre en photo la tête au plus près de la gueule du requin. Tout à coup ce dernier chercha à le mordre, notre matelot eu juste le temps d’éviter l’attaque.

** Je suis étonné que cela… m’ait étonné

*** On peut avouer à son père une soirée mémorable pas à sa petite amie…

**** Pour fêter dignement leurs hôtes les américains, après le repas, nous ont organisé une petite fête avec un jeu… très particulier.
Dans une salle de bonne dimension, reparties au tiers de sa longueur, deux tables rondes, genre guéridons, étaient disposées. Non loin, une montagne de caisses de bières en canette.
Deux équipes se formèrent, une française et une américaine.
Le jeu consistait à créer une tour, la plus haute possible, en empilant les boites à la manière d’un château de cartes.
Nous bûmes donc nos premières canettes et une fut posée au milieu de la table puis les suivantes en cercles concentriques. Plus il y a de cercles, plus la tour a des chances d’être haute.
À partir de ce moment je n’ai plus de souvenirs jusqu’à la montée à la coupée à partir de la barcasse car nous étions au mouillage.
Je me souviens que le capitaine d’armes m’a dit lorsque j’atteignais le pont :
« Les américains ne sont pas autorisés à monter à bord, je lui ai répondu :
– Mais c’est moi capitaine d’armes, en levant ma casquette pour bien montrer mon visage. »

J’avais échangé avec un marin américain mon bachi contre une casquette et mon treillis contre le sien. J’ai gardé ce dernier très longtemps, il portait le nom « Mac Callister » brodé au fil noir sur la poche droite.

Tous les participants à la fête étaient dans le même cas et cela allait engendrer quelques difficultés aux couleurs, le lendemain sur la plage arrière, mais une annonce du bord nous a sauvés d’éventuelles représailles :
« Le personnel ayant « perdu » une partie de leur uniforme est prié de se présenter au guichet de la coopérative »

A propos Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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2 commentaires pour Commandant Rivière – Diego Garcia, îles Chagos, océan Indien,

  1. LECHEVALLIER Patrick dit :

    Un certain PM Détecteur a regagné le bord à la nage , il eu une certaine frayeur car des requins étaient présents dans le lagon , ce fût une courte escale mais , bien chaleureuse au niveau de l’accueil , base des abeilles de la mer , super base de nos jours , avec des B52 qui partent de cette atoll pour bombarder l’IRAK histoire

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