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C’est en étudiant d’un peu plus près les marchandises débarquées à Saint-Nazaire de l’Impératrice Eugénie en provenance de Vera-Cruz (graphie de l’époque) que j’ai découvert certains produits qui, je vous l’avoue, m’étaient inconnus. Outre : le coton, le tabac, la vanille, etc., que l’on retrouve dans les publications, me sont apparus : la cochenille, le jalap, la salsepareille *, le dividivi, etc. Vous connaissez ma curiosité ; j’ai donc regardé de quoi il s’agissait et la manière dont elles étaient expédiées.
Il m’a semblé utile d’établir un petit lexique. Il nous servira pour les prochains articles.
*) Je la connaissais comme la plante préférée des Schtroumpfs (rires).
Principaux termes liés à la cargaison des navires au milieu du 19e siècle
Les emballages
Suivant les marchandises expédiées et les usages des contrées d’où elles provenaient, les emballages pouvaient prendre des noms, des formes, des matériaux, des contenances différentes. Voici ceux principalement utilisés :
BALLE : « Paquet de marchandises enveloppé de grosse toile (chanvre, lin, coton) et fortement ficelé pour être transporté plus aisément. Exemples : balle de laine, de coton, de café, de cacao, sucre, poivre, etc. »
On rencontre aussi la dénomination sac pour le sucre, la farine, le poivre. Leur poids 50 à 100 kg.
SURON : « Ballot couvert de peaux de bœuf ou de vache. On met toujours le poil en dedans et on coud le ballot avec des filets ou des lanières de la même peau. Les surons viennent ordinairement de l’Amérique méridionale ou du golfe du Mexique. » Suron d’indigo, de coton, etc.
CAISSE : « Grande boîte généralement en bois dans laquelle on enferme des objets, des marchandises pour les conserver ou pour les transporter. Exemples : caisse de cannelle, d’indigo, d’oranges et citrons, de sucre du Brésil mais aussi caisse de quincaillerie, bijouterie, mercerie, etc. » Elle est définie en caisse, 1/2 caisse, 1/4 de caisse.
Pour le thé : caisse ordinaire, 1/2 caisse ,1/4 de caisse, 1/8 de caisse, 1/16 de caisse.
Pour la liqueur caisse de 24 litres, 12 litres et 6 litres.
FUTAILLES : « Récipient de forme sphérique, généralement en bois, pouvant contenir du vin, du cidre, de l’eau-de-vie ou d’autres liquides. Synonymes : tonneau, fût. » Exemple : Futaille d’indigo de 120 à 125 kg.
TIERÇON : « Nom donné à certaines futailles. » Leur contenance équivalait au tiers d’une mesure entière. On trouve aussi un demi-tierçon.
BARRIQUE : « Gros tonneau de capacité variant selon les régions (entre 136 et 400 litres) qui sert à expédier les vins, les huiles, les eaux-de-vie et des marchandises solides (morue, etc.). »
BARIL : « Petit tonneau de contenance variable selon les places, utilisé pour le transport et la conservation de liquides, d’aliments ou de matières sèches. » On trouvait aussi des barils d’acier de 75 kg et de 50 kg.
BOUCAUT : « Baril de bois blanc très léger servant à transporter des marchandises diverses. Le boucaut de quercitron, de tabac, etc. »
Les marchandises
Mes connaissances en botanique étant très limitées, j’ai repris et parfois adapté les définitions de certains auteurs de l’époque, notamment : M. Bainier, Pierre avec sa géographie appliquée à la marine, au commerce, à l’agriculture, à l’industrie et à la statistique (1877-1878) et ceux du Dictionnaire universel théorique et pratique, du commerce et de la navigation (1859-1861) (BNF-Gallica).
COCHENILLE : « La cochenille, insecte vivant (notamment) sur le nopal, est produite par le Mexique, le Guatemala, le Honduras, les Canaries, principal centre de production, Java et l’Espagne méridionale. On distingue dans le commerce quatre sortes de cochenilles, dont quelques-unes offrent plusieurs variétés ; ce sont : les cochenilles du Honduras, les cochenilles de Vera-Cruz, celles des Canaries et celles de Java. »
« Recueillies, tuées et desséchées, elles ont l’aspect de petites graines dont la couleur pourpre est nuancée de gris. C’est ainsi qu’on la trouve dans le commerce.
La cochenille fournit la plus belle couleur rouge que l’on connaisse. Aussi est-elle encore très recherchée par les teinturiers. Elle est souvent employée sous forme de carmin. »
DIVIDIVI : « Libidibi ou dividivi, ou bablah de l’Amérique (gousses tinctoriales). C’est la gousse du caesalpinia coriaria ou libidibia (famille des légumineuses). On l’a divisé en deux espèces : le libidibi du Pérou et celui de l’Orénoque. Celui de l’Orénoque, qui vient, non seulement de l’Amérique méridionale, mais aussi des Antilles, est utilisé, par les habitants de ces contrées, pour teindre en noir les tissus, et pour tanner le cuir. »
JALAP : « Le jalap est la racine d’une convolvulacée appelée exogone officinal ou tubéreux, qui croît en abondance au Mexique ; le nom de jalap vient de Xalapa, ville du Mexique. Cette racine a été apportée en Europe vers 1570.
Elle est tubéreuse, arrondie, plus ou moins irrégulière, blanche, charnue, remplie d’un suc lactescent et résineux. Son odeur est nauséabonde, sa saveur âcre et très-irritante ; c’est une substance purgative, qui agit principalement sur les intestins grêles. »
« Les jalaps nous sont généralement expédiés en balles ou surons de toile, d’un poids de 50 kg. »
ROCOU : « Le rocou est une matière tinctoriale qui, sous la forme d’une pulpe gluante, d’un rouge vermillon, entoure les graines du rocouyer (bixa orellana), arbrisseau des contrées méridionales de l’Amérique, principalement du Mexique, du Brésil, des Antilles (Guadeloupe) et surtout de Cayenne.
Le rocou est une pâte homogène, d’une consistance butyreuse *, d’un toucher gras et onctueux et d’une couleur rouge terne. Il sert à la teinture et à la coloration des vernis. »
*) Butyreuse, qui a l’apparence ou les caractères du beurre.
SALSEPAREILLE. « La salsepareille officinale, la seule qui entre dans le commerce, a de très longues racines composées de fibres nombreuses, grêles, d’un blanc cendré, entremêlées les unes dans les autres. Elle croît dans les contrées méridionales de l’Amérique et au Mexique. On l’emploie comme sudorifique, comme ayant la propriété de purifier les humeurs, et on en a fait un grand usage pour la guérison des maladies syphilitiques. »
« La salsepareille nous arrive en majeure partie du Mexique ; le Brésil et le Honduras nous en fournit aussi. » Celle du Brésil, bien plus estimée que les autres, croît surtout dans les provinces septentrionales à Para et à Maranham *.
Elles sont liées en paquets et parfois mises dans des boîtes, mais le plus souvent on se borne à remplir d’un certain nombre de paquets en surons ou en balles. »
*) Le prix sur la place du Havre en 1861 était de : Brésil, 5 fr. le kg. ; Honduras, 2 fr. à 2 fr. 10 ; Mexique, 1 fr. 30. à 1 fr. 35.
TAFIA : « Cette liqueur provient de la distillation des gros sucres, écumes et mélasses de la canne à sucre. La plus grande quantité des tafias importés en 1861 en Europe provient des Antilles anglaises et françaises, et presque tous sont à la destination de la Grande-Bretagne. La fabrication de l’eau-de-vie de betterave en France l’a presque exclue de notre marché. »
VIN D’ORANGE : « Le vin d’orange *, comme son nom l’indique, provient du jus fermenté de l’orange, et il a une richesse alcoolique naturelle de 12 à 15 degrés. Il entre comme les vins ordinaires dans la préparation des vins médicinaux (quinquina, etc.) ; il tend à se substituer dans la consommation aux vins apéritifs, tels que le madère, le malaga, etc. »
*) Mes amis du comité de lecture m’ayant demandé la recette du vin d’orange, la voici dans le texte en 1872 (BNF- Gallica) – “L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération” :
« Vin d’oranges
Quand on a fait choix d’oranges de Portugal, les plus fines et les plus mûres, on les coupe transversalement *, en deux parties ; on pose un tamis de crin * sur une terrine de grès; on prend ces parties d’oranges l’une après l’autre; on les tient d’abord entre le pouce et l’index d’une main, et de l’autre on exprime ; puis on les place entre les deux paumes des mains, et on exprime en sens contraire, jusqu’à ce qu’il ne sorte plus de suc; on rassemble les pépins dans le coin du tamis ; car si on exprimait sur ces pépins, l’acide du suc d’oranges en détacherait des parties qui communiqueraient à la liqueur une amertume désagréable; et quand il y a une certaine quantité de ces pépins, ainsi que les ligaments qui se sont détachés en exprimant ces parties d’oranges, on la rejette comme inutile.
Lorsque cette opération est finie, on verse la liqueur dans de grosses bouteilles de verre qu’on tient bien bouchées, et on laisse reposer jusqu’à ce que le dépôt se soit précipité au fond du vaisseau; on soutire avec un siphon, on passe le marc au travers de la chausse de drap, on mesure la liqueur, à laquelle on ajoute une neuvième partie de bonne eau de fleurs d’oranger, et on y fait fondre 370 grammes de sucre par litre, et quand le sucre est bien fondu, on verse le liquide dans les mêmes vaisseaux, qu’on tient ensuite bien bouchés et qu’on a soin d’agiter pendant quinze jours, au moins une fois par jour; puis on mesure encore et on ajoute un litre d’esprit-de-vin ** pour chaque dix litres de liquide; on agite fortement le mélange et on le met en réserve dans un tonneau quand on a une suffisante quantité de liqueur, mais au moins dans un vaisseau qui soit assez grand pour contenir la totalité, et on laisse reposer. »
*) Il faut éviter de se servir de fer ou d’acier pour les couper. Cela dénature le jus. On recommandait à l’époque de prendre des couteaux de bois.
**) Voir la réglementation sanitaire actuelle.
« Le vin d’oranges est peut-être la liqueur la plus agréable et la plus salubre de tous les vins de liqueurs connus ; mais il a le même inconvénient que les vins d’Espagne de la meilleure qualité, qui ne sont vraiment potables que quand ils ont plusieurs années de vétusté. »
Mises à jour :


Bonjour M.Mahé, je fais des recherche pour préparer une visite guidée du port de St Goustan à Auray dans le Morbihan. Cet ancien petit port de commerce, a été un lieu d’échange commerciaux pour lequel on retrouve pas mal de traces sur les navires et les cargaisons: voici un élément que j’ai trouvé et que je souhaite soumettre à votre excellente connaissance du sujet: en février 1858, le navire « jeune Marie » embarqua entre autre des vaches, du bois et des fûts de cidre (et oui, on est en bretagne!) il est mentionné 4 paquets de « belettes ».Il y avait à l’époque 2 tanneries dans la ville: est-il possible que cela soit seuleument des peaux du dit animal, ou bien ce terme designe-t-il une autre marchandise?
Si vous avez des éléments, je serai très interressée.Merci d’avance.
Sandrine Le Corvec