Le centre d’apprentissage
Le centre d’apprentissage (A5) et (C) a été détruit et remplacé par des bâtiments de l’entreprise de mécanique Man. Il était dans la continuité des ateliers de mécanique de l’époque (B2) et (C12).
Mon entrée en apprentissage
Le vingt-cinq septembre mille neuf cent soixante-cinq, j’avais quatorze ans, je débutais ce qui sera mon quotidien pendant trois ans : descendre la rue Paul-Bert (A1) avec la lourde bicyclette bleue de mon père ; remonter la rue de Trignac (A2) avec ses dizaines de cafés à touche-touche ; me faufiler sur le terre-plein de Penhoët (A3), haut lieu du syndicalisme ouvrier, entre les centaines d’ouvriers pressés qui à pied, à bicyclette, se rendaient à leur travail, non sans avoir fait une halte rapide au café ; longer les formes de radoub (A4) en prenant bien soin que les roues de ma bicyclette coupent franchement les rails de chemin de fer car gare, si l’angle n’est pas suffisant, la roue avant se loge dans la partie creuse du rail et c’est la chute assurée, mais très jeune cette manœuvre m’avait été enseignée par mon père ; puis m’engager sur le boulevard des apprentis (A5) en longeant les ateliers de mécanique ; et, là-bas, tout au bout de l’atelier de mécanique, passer la grille du centre d’apprentissage (A6) et B1.
Photo A – (1) rue Paul Bert, (2) rue de Trignac, (3) terre plein de Penhoët, (4) formes de radoub, (5) bd des apprentis, (6) centre d’apprentissage.
Photo B (1960) – (1) centre d’apprentissage, (2) atelier de mécanique, (3) parc à tôles, (4) forme Joubert, (5), quai de la Prise d’Eau, (6) bassin de Penhoët, (7) cale de construction n° 3, (8) le France en construction, (9) la Loire,
Photo C – Le centre d’apprentissage – (1) Entrée, (2) atelier de chaudronnerie, (3) A l’étage : atelier de préapprentissage, (4) garage à vélos, (5) salle de dessin, (6) toilettes, (7) au rez-de-chaussée : réfectoire, à l’étage : administration et salles de classe, (8) au rez-de-chaussée : atelier tournage et fraisage, à l’étage : atelier de traçage coques, (9) salle des maquettes, vestiaires, douches ; à l’étage, atelier ajustage 1re, 2e et 3e année ; (10) marronnier, (11) terrain de sport. (12) atelier de mécanique.
Mais cette première fois j’étais un peu intimidé et mon premier réflexe fut de rechercher quelques têtes connues. Des camarades de classe du primaire s’étaient déjà réunis ; je me joignis à eux.
Pour un accueil optimal, l’entrée des apprentis se faisait en deux « bordés » par lettres alphabétiques à quinze jours d’intervalle. Il se fit dans le réfectoire (C7) et nous fîmes connaissance avec notre directeur M. Leroy et nos professeurs.
M. Leroy – entre nous nous l’appelions « le père Leroy » – était éminemment respecté. Il avait fait partie de l’équipage du sous-marin Casabianca – construit à Saint-Nazaire en 1935 et commandé par le capitaine de corvette Jean L’Herminier – qui s’était échappé du blocus de Toulon en septembre 1942 (après l’occupation de la zone Sud) pour rejoindre Casablanca, au Maroc. Il fut réarmé et participa à la libération de la Corse en septembre 1943.
On nous présenta l’école, les professeurs, les différents métiers et le règlement.
Le début et la fin du travail étaient signalés par des coups de corne. A chaque entrée et sortie nous devions prendre ou déposer notre marron – une plaquette de zinc sur laquelle était gravé notre matricule – dans une case dédiée du marronnier (C10). Celui-ci était fermé au troisième coup de corne. Le pointeur pouvait ainsi voir d’un simple coup d’œil qui était absent et décompter les heures sur la fiche de paie. Le retardataire devait se rendre chez M. Leroy pour obtenir un billet d’entrée avec un sermon et un quart d’heure décompté sur sa paie, selon le jargon propre aux chantiers : «il avait un quart d’heure en bas ».
La paie était plutôt symbolique, elle augmentait chaque année et les meilleurs élèves avaient une augmentation complémentaire selon leur classement. Les billets étaient agrafés au bulletin de paie et notre moniteur nous distribuait un « petit gris », nom donné au reçu que nous remettions au payeur contre celui-ci.
On nous parla aussi de « contrat d’apprentissage », « sécurité sociale », « retraite », « retraite complémentaire » des mots que j’avais entendus prononcés par mes parents mais qui maintenant allaient pleinement faire partie de mon univers.
On nous attribua un vestiaire (C9) pour déposer nos affaires et nous mettre en bleu. Lors de la visite du centre en petit groupe on nous indiqua où mettre notre vélo (C4). J’avais adossé le mien sur un des parements en tôle du garage. On me fit la remarque qu’il fallait le pendre par la roue avant sur un des crochets dont le garage était muni. Mon vélo était très lourd et avec mes cinquante-deux kilos je ne parvenais pas à lever la roue jusqu’au crochet. Après plusieurs tentatives infructueuses en essayant diverses méthodes, sous les visages rigolards de mes camarades, je réussis la manœuvre en passant mon avant-bras à l’arrière de la selle.
Sur l’étroit chemin entre le bâtiment du réfectoire (C7) et le parc à tôle (C13) nous avions une vue des chantiers avec, en construction sur la cale inclinée (C14), le paquebot « Renaissance » pour la Compagnie Française de Navigation, qui sera lancé en décembre de la même année. Cette image est gravée dans ma mémoire… dire que c’est à cet instant que j’ai commencé à aimer les bateaux… peut-être… tout au moins… je fais mienne cette pensée.
Ping : Centre d’Apprentissage (1965-1968) – Les bases du métier de traceur | Souvenirs
bonjour
j’ai pratiquement le même cursus que vous car je suis rentré à l’école d’apprentissage en 1966.
j’ai remarqué une petite erreur dans votre plan
le bâtiment 8 au rez de chaussée était réservé au tournage et fraisage
le bâtiment 9 , à l’étage accueillait les ajusteurs des 1ère 2ème et 3ème année avec comme moniteurs messieurs Burgaud , Lethiec et auguste Bompaix qui s’occupait des 3ème année
Bonjour, merci beaucoup de ces précisions, je prends acte. Amicalement. Michel
Re-bonjour,
En prenant comme référence le plan de l’article « Les cours d’enseignement général », pourriez-vous me dire comment était distribué les années à l’étage du bâtiment (9) et les secteurs machines du bâtiment (8).
Il existait dans le bâtiment (3) des fraiseuses, est-ce exact ? Å quoi servait le secteur pré-apprentissage, les trois mois terminés.
Merci d’avance
Amicalement
Michel
bonjour Michel
je n’avais pas remarqué que tu étais l’auteur de cet article !
Etant ajusteur , je me souviens très bien de l’agencement du 1er étage du bâtiment 9
il était divisé en 2 dans le sens de la longueur
Le Côté cour était réservé aux 1ère année
Le côté rue était pour les 2ème et 3ème année , les 2 années ne se retrouvaient quasiment jamais ensemble , les heures d’atelier étant organisés en fonction .
Chaque apprenti avant un tiroir personnel avec une cinquantaine de limes différentes , des palmers , un pied à coulisse de qualité et tout le petit matériel nécessaire .Par ailleurs des comparateurs étaient à la disposition des apprentis
Le long du mur coté cour étaient disposées des perceuses sensitives et des tourets à meuler
le long du mur côté rue pour les 2ème et 3ème année étaient disposés des perceuses sensitives,des tourets à meuler et une perceuse à colonne .. Après avoir monté l’escalier ,se trouvait à gauche une salle de cours et un accès à la salle des traceurs .A droite en rentrant dans le secteur ajustage il y avait des lavabos , a gauche pour accéder aux 2ème et 3ème année on trouvait aussitôt une forge et derrière une cloison 2 étau-limeurs
Après les 3 mois de préapprentissage la salle servait essentiellement pour l’utilisation des machines fraiseuses perceuses , tour etc…par les ajusteurs , il existait dans cet atelier plusieurs étau-limeurs dont l’un datait de 1890 , il était très lent . Les tours étaient très anciens car à l’origine ils étaient reliés par une courroie et un moteur unique , mais à notre époque ces tours avaient tous été dotés de moteur individuels !
Dans le bâtiment 8 ,au rez de chaussée je ne me souviens plus comment était distribués les 3 années d’apprentissage ! La petite porte d’entrée côté cour était au mileu du bâtiment et pratiquement en face se trouvait le magasin d’outillage des tourneurs et fraiseurs avec juste au dessus le bureau des moniteurs . a droite le long du mur côté cour il y avait des fraiseuses. , au fond côté rue se trouvait des gros tours parallèles (somua et cazeneuve ) Côté terrain de sport sur toute la longueur du bâtiment il n’y avait que des tours sur 2 rangées séparées par une allée!
La salle 9 ou il y avait les maquettes servait aussi de salle de cinéma
Voici quelques réponses à tes questions
amicalement
Dany
Merci Dany de tous ces précieux renseignements et très heureux de te lire. Amicalement. Michel
Pas de problème Michel , on peut rester en contact il y a beaucoup d’autres choses surement enfouies dans nos mémoire !
Par exemple ,à la débauche, il était interdit de monter sur nos bicyclettes avant d’avoir franchi le portail sur la rue , on se faisait souvent rappeler à l’ordre par le gardien que certains d’entre- nous avaient surnommé « Nestor »
a bientôt
amicalement
dany
Bonjour, mr Mahe C’est dommage qu’il n’y ait pas beaucoup d’anciens dans les commentaires. C’est tres intéressant de les lire. Des photos de classes serait bienvenues. Je ne sais plus si on était pris en photos d’ailleurs. Daniel Yannick Le Brech traceur de coques 67-70
Merci de votre intérêt. Il esxiste très peu de documents et photos de l’apprentissage. Beaucoup d’informations m’ont été envoyées par messagerie personnelle. Bonne soirèe.
Bonjour,
Je suis passé par l’apprentissage entre septembre 1970 et juin 1973 en chaudronnerie.
Je suis d’accord sur le constat concernant le peu de photos et d’intérêt des anciens apprentis.
Pour ma part, depuis ma mise en inactivité je me suis rapproché de Serge PAQUET et je suis présent depuis 5 ou 6 années à la cérémonie du 9 novembre devant la stèle ainsi qu’au monument aux morts de DONGES.
Pour informations, je me souviens du directeur de l’école Monsieur NIAULIN ainsi que les professeurs LEMAREC dit Petit Jo, Claude LAURENCE, Paul BOUVIER, TACCONNE, BODIN, LANGLAIS, Marcel BAUDRY, sans oublié le professeur de gymnastique CHESNEAU.
Bonjour Jean-Gérard, J’y étais de 65 à 68. Je suis en rapport avec Serge sur ce sujet depuis de nombreuse années. Bien sûr tous, tous ces noms chantent avec nostalgie dans mes pensées. Au plaisir de se rencontrer.
Amicalement.