Pour faire le point sur la création de l’apprentissage des Chantiers de Penhoët
et aller un peu plus en avant, je vous propose :
Le Samedi 31 janvier à 10 h 30,
à la médiathèque Barbara 7, rue du Berry – 44550 Montoir-de-Bretagne,
une rencontre-conférence sur le thème « L’école d’apprentissage aux Chantiers de Penhoët ».
La salle est petite, merci de réserver à la médiathèque ou au 02 40 70 11 51
Merci de passer l’information à toutes les personnes susceptibles d’être intéressées par ce sujet.
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Il n’y a pas de moment mieux choisi pour vous dire merci de la fidélité
que vous avez témoignée à ce blog tout le long de l’année.
Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour 2015 !
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Centre d’Apprentissage des Chantiers de L’Atlantique (1965-1968)
Photo D – Bâtiment (2) atelier de chaudronnerie.
Bâtiment (3) à l’étage, atelier de préapprentissage.
Bâtiment (5) (a) salle de sport, (b) salle de dessin. Bâtiment (6) toilettes.
Bâtiment (7) au rez-de-chaussée : (a) réfectoire ;
à l’étage : (b) : bureau de M. Leroy, (c) secrétariat Mme Aoustin,
(d) (e) (g) salles de classe, (f) bibliothèque.
Bâtiment (8) au rez-de-chaussée : (a) atelier d’ajustage et de tournage ;
à l’étage : (b) salle de technologie (Salle T),
(c) atelier de traçage coques 1er année, (d) 2e année, (e) 3e année.
Bâtiment (9) (a) salle des maquettes, (b) vestiaires, (c) douches ;
à l’étage (d) atelier d’ajustage
(11) terrain de sport. Bâtiment (12) atelier de mécanique.
Articles précédents :
L’apprentissage aux Chantiers de l’Atlantique – L’examen d’entrée
Le centre d’apprentissage des Chantiers de L’Atlantique (1965 à 1968)
Centre d’apprentissage des Chantiers – Le préapprentissage
Centre d’Apprentissage (1965-1968) – Les cours d’enseignement général
Centre d’Apprentissage (1965-1968) – Les cours d’enseignement professionnel
Les bases du métier de traceur
Méthode pédagogique de l’école
Nous avons chacun un processus, une méthode de mémorisation différente. Certains ont une mémoire visuelle, ils retiennent plus facilement ce qui est écrit, les couleurs des titres, les mots soulignés etc. D’autres ont une mémoire auditive, ils retiennent ce qui expliqué par un locuteur ou lorsqu’ils relisent à haute voix. D’autres enfin ont une mémoire kinesthésique et retiennent en écrivant, en faisant des schémas, en dessinant etc.
Ces différents types de mémoire existent chez chacun d’entre nous et leur utilisation combinée, simultanée permet de trouver un point d’appui solide dans un processus d’apprentissage.
Les cours des matières professionnelles étaient basés sur ce principe. Outre un cours magistral ou notre moniteur détaillait la leçon, on nous fournissait un document écrit par le professeur en écriture bâton pour chaque leçon que nous devions recopier sur des feuilles perforées et placées dans un classeur dédié à chaque matière.
Fig A – Tout était normalisé…
Tout était normalisé : les titres et les sous-titre en écriture bâton à l’encre de chine, l’écriture au stylo plume, les schémas et les dessins à l’encre de chine. Les classeurs étaient visés et notés et cela comptait dans notre moyenne.
Les punitions étaient, elles aussi, de la même veine pédagogique : « Les pages de techno ». Leur nombre était fonction de la gravité de la faute ; « Cinq pages de techno. » était la plus courante. Bien sûr, elles aussi suivaient la normalisation en vigueur. Point besoin pour le professeur de parler, une main ouverte doigts écartés dans notre direction suffisait pour nous faire comprendre le message : « Cinq pages ! ».
Nous disposions d’une bibliothèque (7-f) tenue par notre assistance sociale Melle Brun. Cette dernière accompagnait le médecin du chantier pour notre visite médicale annuelle. Nous défilions un par un en petite tenue devant ces deux personnes et …tout était vérifié.
La première année traceur de coques
Dans un chantier de construction navale, la salle à tracer était une vaste pièce avec un parquet sur lequel étaient dessinées les différentes pièces de construction de la coque des navires en vraie grandeur . Nous utilisions le parquet de notre atelier pour effectuer nos tracés.
Nous disposions chacun d’une table, munie, en bas, d’un grand tiroir pour ranger nos outils pour le traçage en salle, scie égoïne, scie à guichet, varlope, rabot, maillet, marteau de charpentier muni d’un arrache clou, un cordeau enroulé sur le virolet que nous enduisions de blanc pour battre les lignes, blanc à tracer, pointe à tracer, compas à pointe sèche, trusquin, crayon de charpentier, tampons de différents diamètres pour marquer les trous et files de trous des rivets sur les règles de traçage.
Dans un autre tiroir sous le plateau, le matériel de dessinateur pour le traçage et dessin sur papier : tire-lignes, compas, critérium, règle, réglet, pistolets.
Nous dessinions sur un papier à dessin, en rouleau, assez épais, de couleur jaune pâle.
Nous avons suivi une évolution dans le traçage à l’encre de chine d’abord le tire-ligne, le Graphos puis le Rotring.
Nous protégions le plateau de la table avec un carton orange très épais qui servait normalement à réaliser des gabarits de pièces de petites dimensions. C’est sur celui-ci que je laissais libre court à mon imagination en dessinant des hydroglisseurs, passion du moment sans doute.
Notre professeur en première année était M. Pierre Halgand dit Grand-Pierre, homme de grande taille et d’une carrure imposante mais excellent pédagogue.
Je me souviens du tout premier cours, nous étions tous autour d’une table et il nous expliquait le maniement du tire-ligne lorsqu’il s’aperçut que tous les yeux convergeaient vers un seul point : ma main à côté de la sienne. La différence était formidable : la sienne faisait deux fois la mienne. Chacun prit alors conscience qu’une rencontre avec ces battoirs étaient fortement à éviter.
On dit, dans la mémoire collective, qu’il en fit usage une fois et le pauvre garçon alla s’affaler dans le stock de bois à gabarit.
Un dicton dit que les briérons naissent avec un compas dans leur berceau et M. Halgand nous en fit une démonstration en traçant une perpendiculaire sur une ligne horizontale sans compas avec une simple règle. Son tracé, vérifié ensuite aux compas, nous étonna par sa précision.
La base du travail était le tracé des formes du navire. C’est à partir de celui-ci que nous pouvions effectuer les différents développements des pièces constituant le navire.
Notre tout premier tracé de formes fut celui d’un blin, embarcation à fond plat utilisée par les briérons pour circuler dans le marais. C’est en traçant ces formes très simples que nous apprîmes à tailler la mine de notre Critérium à la manière du crayon des charpentiers c’est-à-dire en forme de biseau.
La forme du point sur le papier était normalisée. Je me souviens d’avoir modifié la forme de celui-ci et le moniteur me remit fermement dans le droit chemin : « Vous pourrez innover Mahé mais faites d’abord ce que l’on vous enseigne, soyez petit pour devenir grand. » me dit-il. Dès lors, j’ai toujours suivi les consignes sans me poser de questions. Plus tard, en prenant de l’expérience, j’ai compris combien il avait raison.
On nous enseigna à nous servir du cordeau au sol pour tracer les lignes droites ; à l’arrêter par un nœud particulier sur son virolet ; à tracer des lignes courbes à l’aide lattes et des plombs sur le papier et de clous de salle au sol ; à laisser filer les points en relevant chaque plomb du doigt pour permettre à la latte de lisser sa courbe parfaitement.
Quelques rudiments du travail du bois pour réaliser les gabarits étaient au programme : raboter à la varlope ou au rabot ; scier au plus près puis raboter pile au tracé ; dresser le bord d’une planche pour qu’il soit parfaitement droit à l’aide d’une planche témoin; dégauchir à l’œil pour vérifier sa rectitude. ;
L’atelier disposait d’une scie à ruban pour les grandes longueurs mais seuls les moniteurs étaient habilités à s’en servir.