Articles connexes :
’Harmonie Marceau (1923-1930)
L’Harmonie du Chantier de Penhoët
Jean Cadayé (1890 –1956 )
Jean Cadayé – À la conquête de Saint-Nazaire
Jean Cadayé et la direction de concerts
Jean Cadayé, des talents d’organisateur
Jean Cadayé, et la direction artistique – Les fêtes de Saint-Marc-sur-Mer
Jean Cadayé et la direction artistique – Les fêtes de La Baule
Jean Cadayé – Direction artistique au casino de Pau – Saison 1928-1929
Jean Cadayé – Départ de Saint-Nazaire pour Toulouse en 1933
En janvier 1933, M. Carrié, directeur du Théâtre du Capitole, avait annoncé son départ comme directeur du Grand Théâtre de Lyon. M. Jean Cadayé avait immédiatement sollicité sa succession.
Mais M. Carrié était tenu, personnellement, d’assurer la gestion du théâtre jusqu’en juin 1934. Il proposera M. Emile Campocasso pour le remplacer pendant la période de transition. M. Emile Campocasso fonctionna donc comme directeur pendant la saison 1933-1934 sous la responsabilité de M. Carrié.
En janvier 1934, le Conseil municipal s’est réuni pour procéder à la désignation du futur directeur du Théâtre du Capitole pendant une période de trois années à partir de la saison 1934-1935.
Six candidats se présenteront, tous avec de sérieuses références ; parmi eux : M. Campocasso.
Le choix du Conseil municipal s’arrêtera sur deux co-directeurs toulousains : MM. Jean Cadayé, directeur artistique de la scène et Henri Combaux, directeur artistique de l’orchestre, chœurs et ballets.
Quelques jours après, M. Campocasso sera appelé à diriger le Grand Théâtre des Arts à Rouen.
Jean Cadayé Henri Combaux
Collection Michelc-Mahé
Les préparatifs pour le départ
Début mars, M. Cadayé met en vente une pêcherie qu’il possédait à Ville-ès-Martin. Elle était accessible même à marée haute grâce à une estacade de 14 m de longueur.
* Les autorisations de concession et d’exploitation des pêcheries à carrelet, gérées par l’Administration de l’Inscription maritime, étaient accordées à titre personnel et pour cinq ans. Les concessionnaires étaient tenus d’observer les règles relatives à la Police des pêches. Ils devaient notamment entretenir convenablement leur pêcherie et la numéroter sur une planchette avec des clous de cuivre selon des dimensions normalisées.
Le fonds de commerce et établissement de Chapellerie et Modes, « Chapellerie Lafayette » que M. et Mme Cadayé exploitaient est vendu le dix avril 1933 à M. et Mme Charles Raffin et Mme Marie Antoinette Hillereau son épouse, demeurant 2, cours Bayard à la Roche-sur-Yon.
Odette et Yvonne, les deux jumelles, nées à Saint-Nazaire en novembre 1922, termineront en juillet leur année scolaire.
Pêcheries et leur estacade pour y accéder, à Villès-Martin. Collection Michel-C Mahé.

Le magasin en 1933 – Collection Patrick Pauvert
Dernières apparitions en public avant son départ.
Le mercredi 19 avril, il s’était vu confier, avec Mlle Jane Mignerat*, en l’église Saint-Gohard, la partie musicale de la messe de mariage de Mlle Gilberte Fleury, fille du juge au tribunal de commerce, avec M. Henri Breton.
* Mlle Jane Mignerat était membre du comité de direction lors de la création de l’Association Orphéonique et Symphonique de Saint-Nazaire en 1924 (directeur M. Cadayé) avec Mme Delattre et M. Haurogné.
En 1926, elle était élève de M. L’abbé Marcel Courtonne (1883-1954), compositeur, organiste de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes.
Elle a tenu le grand orgue en l’église de Saint-Nazaire en maintes occasions notamment lors des sermons de charité en faveur des petites orphelines de l’Ouvroir de la Providence, rue du Croisic, dirigé par les sœurs de la sagesse en décembre 1926 , novembre 1927, novembre 1929 ; en faveur des pauvres de la paroisse, janvier 1930 , novembre 1930 .
À Saint-Nazaire, les sermons de charité se faisaient à la messe de 11h00. Un prédicateur, à l’Évangile, prononçait un sermon dont le but principal était d’inciter les auditeurs à faire un don généreux. La quête, faite juste après, finançait des œuvres caritatives. Pour rehausser l’éclat de cette cérémonie des artistes locaux interprétaient quelques œuvres.
Elle a tenu le piano d’accompagnement lors de manifestations organisées par diverses sociétés : février 1930, avec M. Guérin lors du concert des Méridionaux au Théâtre Trianon. ; novembre 1930, avec M. Guérin lors de la soirée de gala de l’Harmonie du Chantier de Penhoët, au Théâtre Trianon ; novembre 1930, elle accompagnait M. Cadayé lors du banquet annuel de l’Association Amicale des Méridionaux dans les salons du Grand-Hôtel ; décembre 1931, novembre 1932, lors du concert de la Lyre de Pornichet dans les salles de l’Hôtel de Pornichet ; décembre 1931, lors de la conférence-concert en faveur des aveugles soutenus par l’association Valentin-Hauy.
Elle a tenu l’orgue dans la partie musicale de mariages d’enfants de plusieurs familles notamment : décembre 1930, à Saint-Brévin, en compagnie de MM. Léone, père et fils, le mariage de Mlle Marie Durand, de Saint-Père-en-Retz avec M. Raffin, descendant d’une des plus anciennes familles brévinoises et fils du vice-consul d’Angleterre à Saint-Nazaire ; avril 1933, avec M. Cadayé, en l’église Saint-Gohard, la messe de mariage de Mlle Gilberte Fleury, fille du juge au tribunal de commerce, avec M. Henri Breton.
Elle enseignait la musique à Saint-Nazaire. À partir de décembre 1930, chaque année, souvent deux fois par an avril/mai et décembre, la plupart du temps le dimanche, elle organisait, des auditions de ses élèves dans les salons du Grand-Hôtel. Elles étaient très courues et la salle des fêtes était souvent trop petite pour contenir les familles et les élèves.
Les chroniqueurs ne tarissaient pas d’éloges : « Vrai régal artistique, qui nous a permis, une fois encore, de constater l’excellence de l’enseignement musical qu’elle distribue dans notre ville à de nombreuses élèves avec une autorité qui s’impose de jour en jour. »
« Les auditions des élèves de Mlle Mignerat respirent un air de famille et ont un caractère d’intimité à nulles autres égales. C’est là qu’il faut chercher leur secret de plaire. Là, et aussi dans la qualité d’exécutions musicales, témoignant de l’excellence d’un enseignement qui fait le plus grand honneur à celle qui dirige et conseille un des groupes les plus importants d’élèves de notre ville.»
L’abbé Courtonne, son professeur, assistait à cette cérémonie et dirigeait parfois une de ses compositions. M. Cadayé, le samedi 27 mai 1933, a fait, là, sa dernière prestation avant de quitter Saint-Nazaire pour Toulouse.
Église Saint-Gohard aux environs de 1910. Le marché, place Marceau. Collection Michel-C Mahé.
Intérieur de l’église Saint-Gohard aux environs de 1910. Collection Michel-C Mahé.
Comme l’exigeait la tradition, il fit son apparition sur scène au Théâtre Trianon, le lundi 1er mai 1933, au gala de la Société des Méridionaux dont il était le président, pour remercier les personnalités présentes, les artistes et musiciens.
Au programme, le Pays du Sourire, opérette de Mauprey et Marietti, musique de Franz Lehar par les artistes de la Gaieté Lyrique. Elle a fait salle comble.
Les principaux interprètes : Mlle Nelly Valleret (la princesse Lisa) ; M. Marcel Fouquet (le prince Sou Chong) ; M. Robert Buguet (Gustave de Pottenstein) ; Mlle Micheline Farruiz (princesse Mi) ; M. Savigny (comte de Lichtenfelds). Le ballet chinois était réglé par Mme Gontcharowa, l’orchestre était sous la direction de M. René Rungis, la mise en scène de M. Maurice Catriens.
Un chroniqueur écrivait « Si M. Jean Cadayé a parfois éprouvé des déceptions dans notre cité, un triomphe aussi éclatant que celui du 1er mai 1933 doit le consoler de toutes les ingratitudes et de tous les reniements. »
Il semble que le dernier concert avant son départ pour Toulouse eut lieu au Grand-Hôtel, le mercredi 17 mai 1933. Il a partagé ce moment avec le M. Guy Le Huédé*, pianiste de talent.
Selon le chroniqueur : « le public état exceptionnellement nombreux et comprenait même des amateurs de musique venus de très loin (un autocar a fait le trajet de Pornichet pour en amener). »
Sur le programme, ils avaient alterné les œuvres, œuvres pianistiques et de chant.
Programme :
M. Guy Le Huédé : la sonate op. 31, n° 2, de Beethoven ; l’Arabesque et le Chant du Cavalier de Schumann ; La Fantaisie en fa mineur, de Chopin ; La Troisième Valse sérieuse, de Lenormand ; le Clair de Lune, de Debussy ; le Chœur des Fileuses, du Vaisseau Fantôme, de Wagner.
M. Jean Cadayé : l’air d’Agamemnon d’Iphigénie en Aulide, de Gluck ; l’air de Manoah, de l’Oratorio de Samson, d’Haendel ; l’air bouffe de Leporello, du Don Juan, de Mozart ; l’air de Figaro, du 1er acte ; les Deux Grenadiers, de Schumann, Du courage ! mon âme éclate de douleur, de Bordes ; Les Hiboux, de Déodat de Sévérac.
Le Piano d’accompagnement était tenu par Mlle Jane Mignerat.
* M. Guy Le Huédé était professeur de piano. Il avait eu du succès à Saint-Nazaire quelques années auparavant. Il ne s’était plus fait entendre depuis plusieurs années et renouait, en cette occasion, avec les concerts.
Le samedi 27 mai, il était invité, lors de l’audition des élèves de Mlle Mignerat dans les salons du Grand-Hôtel, à côté de Mlle Jeanne Le Magueresse*, 1er Prix du Conservatoire de Nantes.
Les deux maîtres de chant se sont produits dans le premier dans « Les Hiboux », de Deodat de Severac ; « Les Noces de Figaro » et « Don Juan », de Mozart. La seconde : « Le Noyer », de Schumann ; « le Perce-neige », de Gretchaninov.
Ensemble, ils ont eu beaucoup de succès dans le duo de l’oasis de « Thaïs » et un duo de « Véronique ».