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L’Harmonie Marceau – L’Harmonie du chantier de Penhoët
L’Harmonie Marceau (1923-1930)
L’Harmonie Marceau s’est constituée au sein du comité des fêtes du quartier Marceau en réunissant une trentaine de ses membres musiciens. Elle se produisit pour la première fois lors de la fête annuelle du quartier le 24 et 25 août 1923 sous la direction de son chef M. Jean Cadayé*, basse-chantante du Théâtre national de l’Opéra-Comique, premier prix d’excellence de chant, de déclamation lyrique et d’histoire du Conservatoire de Paris. Selon les chroniqueurs de l’époque elle s’est affirmée tout de suite comme une excellente société musicale.
* Des informations concordantes laissent supposer que le M. et Mme Cadayé sont devenus en 1922, les nouveaux propriétaires de la Maison Bollier Aux Galeries Lafayette, 42, rue du Palais à Saint-Nazaire.
Elle donna son premier grand concert au Jardin des plantes, le dimanche 23 septembre 1923, dans l’après-midi, avec au programme : Marche turque, Mozart ; Poète et Paysan, ouverture, Franz von Suppé ; Intermède de Lamothe, Rauski ; Marche du Sacré du Prophète, Meyerbeer ; Therisey, grande valse de concert ; Paris-Bruxelles (Turine), marche militaire.
Très vite elle s’est imposée dans le paysage culturel nazairien auprès de l’Harmonie Saint-Joseph crée en 1877 et des chœurs masculins de la Schola Cantorum et elle était bientôt de toutes les fêtes et manifestations.
En 1925 elle comptait environ 40 exécutants ; en 1928 : 44 ; 1929 : 48 ; 1930 : 58.
Elle prêta son concours pour la première fois au chantier de Penhoët lors de la distribution des prix de l’École d’apprentissage en 1924 sous la direction de M. Cadayé.
Saint-Nazaire en 1924 – A) Monument aux Morts pour la Patrie
B) Jardin des Plantes ; C) Place Carnot ; D) Place Marceau ; E) Hôpital ; F) Théâtre Trianon ; G) Théâtre Athénée ;
H) Nouvelle École Jean Jaurès de filles ; I) Ruche Union ; J) Parc des Sports.
(Pour plus de détails, cliquez ici)
Saint-Nazaire – Place Carnot – Collection Michel-C Mahé
Jardin des Plantes – le Kiosque – Collection Michel-C Mahé
Concerts publics
Elle donnait, seule, des concerts publics en ville, voici quelques exemples avec le programme, lorsqu’il est connu, car il me semble intéressant de voir ce que l’on jouait à cette époque :
Place Marceau, le jeudi 10 juillet 1924, concert de 21 heures à 22 heures sous la direction de M. Jean Cadayé.
Place Carnot, le jeudi 4 septembre 1924. Au programme : El matador, marche espagnole, F. Andrieu ; Poète et Paysan, ouverture, Franz von Suppé ; la Vallée d’Ossau, valse, G. Benoist ; Les saltimbanques, fantaisie, L. Canne ; Farandole Provençale, Chaulier.
À La Kermesse Victor-Hugo, le dimanche 14 juin 1925, organisée par son amicale. Elle exécuta le programme suivant : La Berrichonne, allegro, Allier ; Les saltimbanques, fantaisie, L. Canne ; Ballet Egyptien, Luigini ; Sélection sur le Comte de Luxembourg , Lehar ; Farandole Provençale , Chaulier.
Place Carnot, le jeudi 22 avril 1926. Au programme : Stars and Stripes for ever, marche américaine, de Souza ; Prélude de l’Arlésienne, de Bizet ; Le Ballet de Faust, de Gounod ; Le Trompette en bois, pas redoublé, de Vincent Scotto.
À la fête de la République libre du quartier Marceau, samedi 20 août 1927, où elle donna un concert place Marceau.
Nous pouvons vérifier l’engouement des nazairiens pour les concerts : pour le Festival de Musique au Jardin des Plantes, au profit des Œuvres de bienfaisance de la Ville, où l’Association Orphéonique et Symphonique, initiée par MM. Jean Cadayé et Delattre, a fait ses débuts le 29 juin 1924 ; pas moins de 4000 spectateurs se pressaient dans et autour et dans l’allée centrale du jardin.
Au programme :
L’orchestre symphonique : La Marche en ré, de Mendelsshon.
Un quintette à corde : Légende Sacrée, de Massenet ; Marche Triomphale, Meyerbeer.
M. Rodier, ténor de l’opéra : le grand air d’’Hérodiade Chanson d’Amour, G. Selz ; aubade du Roi d’Ys et Invocation à la nature de la Damnation.
L’Harmonie Marceau : la Berrichonne, Wachs ; Polonaise, P. Vidat.
L’orchestre symphonique accompagnés par les chœurs mixtes : Scènes Champêtres, Missa ; Arioso de Serse, Haendel ; Aïda, G. Verdi.
Prix des places : un franc, gratuit pour les moins de douze ans.
Elle se déplaçait aussi à l’extérieur telle la fête du 17 août 1924 à La Baule, l’harmonie et les chœurs ont donné un concert, place des Palmiers.
Le Grand-Hôtel – Saint-Nazaire – Collection Michel-C Mahé.
Soirées musicales
L’Harmonie Marceau a innové en donnant une soirée « d’un genre tout à fait nouveau » selon les chroniqueurs de l’époque, au théâtre Trianon, le vendredi 13 mars 1925, une soirée music-hall, « spectacle de famille » était-il bien précisé.
Au programme : Mme Jane Vaultier de l’Opéra-Comique ; M.Jean Winkoppe, de l’Opéra-Comique ; Po Bar, comique musical de l’Alhambra et du Nouveau Cirque ; Bergeret, imitateur de l’Olympia ; Kédoub, ventriloque de l’Alhambra ; les Ypino de l’Olympia, danseurs mystérieux ; les Teddys, acrobates de l’Empire ; le Professeur Pinaud, ombromane ; l’Harmonie Marceau sous la direction de M. Jean Cadayé de l’Opéra-Comique.
Un service d’autobus fut organisé par le garage Michel, qui assurait le transport urbain, pour les familles habitant Méan-Penhoët.
Elle réitéra le 15 octobre 1928, toujours au Théâtre Trianon, au profit du bureau de Bienfaisance avec le concours de plusieurs artistes des grands music-halls de Paris.
Prix des places. – Loges, balcons, fauteuils d’orchestre, 12 francs, premières et baignoires, 8 francs ; parterre, 4 francs ; galeries, 2 francs ; location 0,50 francs par place.
Concerts aux membres honoraires
Elle se produisait, une fois par an, uniquement pour ses membres honoraires et bienfaiteurs, tel le grand concert-bal dans les salons du Grand-Hôtel, sous la direction de M. Jean Cadayé, le samedi 31 octobre 1925. La soirée a débuté par l’exécution de plusieurs morceaux choisis parmi les meilleurs du répertoire puis les amateurs de danses anciennes et modernes s’en sont donnés à cœur joie. Autre exemple : le concert du lundi 15 octobre 1928 à la salle de théâtre de Trianon.
Inaugurations de monuments
À l’inauguration du Monument aux Morts pour la Patrie*, boulevard de l’Océan, le 11 novembre 1924. Après le réveil en fanfare, des services religieux en musique ont été célébrés dans les diverses églises et au temple protestant. Les chœurs masculins de la Schola Cantorum et l’Harmonie Marceau ont prêté leur concours lors de la cérémonie religieuse en l’église Saint-Nazaire qui fut, selon les chroniqueurs, particulièrement brillante.
*) Œuvre de M. Foucault, sculpteur, Grand Prix de Rome en 1912 , et de M. Chaney, architecte à Saint-Nazaire. Les statues sont sorties des ateliers de M. Bafouin ( ?) de Nantes. La construction fut confiée à M. Graziana, de Saint-Nazaire, l’exécution à M. Guilleux, sculpteur.
Il était composé de deux grandes colonnes supportant deux victoires ailées en bronze, présentant les attributs de l’armée de mer, de terre et de l’aviation.
Au fond une stèle sur un tapis de bronze où la ville rend hommage à ses morts. De chaque côté de celle-ci, un exèdre où les promeneurs pouvaient se reposer.
On la retrouve à l’ouverture des bains-douches de la rue d’Anjou, le dimanche 02 octobre 1927. Là, l’harmonie Marceau a donné un grand concert place Jean-Jaurès.

Le Monument aux Morts pour la Patrie – Boulevard de l’Océan
Inauguré le 11 novembre 1924 – Collection Michel-C Mahé.
Lancement de l’Île-de-France, le 15 mars 1926 – Collection Michel-C Mahé
Lancements de navires
Pour le Lancement de l’Île-de-France, le 15 mars 1926, la veille, au théâtre Trianon, la Schola Cantorum, sous la direction de M. Cadayé, l’Harmonie Marceau et le comité des fêtes de Villes-Martin et Sautron, se produisirent tour à tour. Les chœurs, l’orchestre, les tableaux vivants ont excité l’enthousiasme des spectateurs. Selon le chroniqueur : « Nous eûmes un vrai régal qui prouvèrent que sous des bourgerons de manœuvres, on savait vibrer au contact de l’art et des beaux chefs-d’œuvre. »
Un service d’autobus fut organisé pour les familles habitant Méan-Penhoët.
A l’occasion du départ du même navire l’Harmonie a donné un concert public, le samedi 28 mai 1927, place de la gare.
Au programme : Marche des Cadets de Gascogne (pas redoublé), de Feurgeot ; Noces du Figaro (ouverture) de Mozart ; l’Eté, scène des Moissons, de CH. Dubois (fantaisie imposée au Concours fédéral de Château-Gontier) ; Polonaise de concerts, de Paul Vidal ; Farandole Provençale, de Chaulier.
Elle était présente au lancement du croiseur-école Jeanne-d’Arc le 14 février 1930, sous la houlette de M. Cadayé, Elle a exécuté un programme musical « d’une rare perfection ».
Commémorations
Pour le Cinquantenaire de l’Harmonie Saint-Joseph*, le dimanche 18 septembre 1927, un Festival de musique au jardin des Plantes fut organisé, avec le concours de l’Harmonie Marceau, de l’Harmonie Nazairienne et bien sûr l’Harmonie Saint-Joseph.
Programme :
Par les trois sociétés : Voyage en Provence, allegro de Giraud, Direction M. Chapron Joseph, sous-chef de l’Harmonie Saint-Joseph.
Harmonie Nazairienne : La Norma, de Bellini ; La Liévinoise, polka pour clarinette de A. Richard (soliste M. A. Léone) ;
Harmonie Marceau : Suite Ballet, Popy : a) Entrée mazurka, b) Pizzicati, c) Valse lente, d) Largo, e) Final galop.
Par les trois sociétés : Le Rocher fantôme, ouverture dramatique, Staz, transcrit par Popy. ; « Sous bois » allegro de concert, G. Balay, direction Chapron Jules, chef de l’Harmonie Saint-Joseph
* L’Harmonie Saint-Joseph fut fondée en 1877, à ses débuts elle réunissait douze musiciens. Elle se fit entendre pour la première fois dans la vieille église de Saint-Nazaire à l’occasion de la fête de Noël. En 1903, M. Jules Chapron en prend la direction jusqu’en 1914. Elle comptait alors une quarantaine d’exécutants. Vingt deux musiciens tombèrent durant la guerre. Celle-ci terminée, M. Jules Chapron reconstitua l’harmonie.
Le monument américain inauguré le 27 juin 1926 pour commémorer
l’arrivée salvatrice des américains en 1917 – Collection Michel-C Mahé.
Le Monument aux Morts de 1870 – Statue du soldat de l’an II par Carillon – Square Aimé-Duquaire.
Boulevard de l’Océan Inauguré le 10 juillet 1910 – Collection Michel-C Mahé.
Pour le dixième anniversaire de l’Armistice, le 11 novembre 1928, les trois harmonies étaient présentes. Le cortège est parti de l’Hôtel de ville avec en tête le sous-préfet, le maire, les fonctionnaires de l’Etat et de la ville puis toutes les associations d’anciens combattants et mutilés, les veuves de guerre, les pupilles de la nation etc. Il s’arrêta au monument américain où l’harmonie Marceau a joué l’Hymne National américain. Il fit un second arrêt au monument de 1870-1871, où l’Harmonie Saint-Joseph joua une marche funèbre et le enfin aux monuments aux Morts de la grande guerre – après la minute de recueillement à 11 heures, le jet de fleurs à la mer par les pêcheurs et que trois avions des Chantiers de la Loire survolèrent et les monuments – l’Harmonie Nazairienne fit entendre La Marseillaise.
Œuvres caritatives
Elle prêtait son concours à des œuvres caritatives notamment au festival de musique au profit des sinistrés de Penmarch* organisé par la Scola Cantorum de Saint-Nazaire, le dimanche 21 juin 1925 au jardin des Plantes. Les Chœurs mixtes et orchestres (180 exécutants) et l’Harmonie Marceau (40 exécutants) se produisirent sous la direction de MM. Jean Cadayé et A. Delattre, professeur au collège.
* Le 23 mai 1925, deux bateaux de pêche en perdition et deux canots de sauvetage partis les secourir ont sombré au large de Penmarch faisant au total vingt-six victimes et 24 veuves et 45 orphelins.
Harmonie du Chantiers de Penhoët (1930-1938)
En juin 1930, elle prit le nom d’Harmonie du Chantier de Penhoët. Pour marquer cet événement une séance artistique fut organisée dans la salle des fêtes du Chantier présidée par M. Butterlin, sous-préfet, du député-maire François Blancho et de nombreuses personnalités.
A cette époque les musiciens et les dirigeants appartenaient au chantier et pour ces derniers il était tout naturel de la faire entrer dans le cadre de celui-ci.
Sous la houlette de son chef M. Jean Cadayé et de son sous-chef M. Rolland, on assura alors qu’elle garderait sa complète indépendance pour prêter son concours aux manifestations organisées par la ville et aux différentes œuvres de Saint-Nazaire.
M. Coqueret, directeur du chantier remit à cette occasion aux musiciens la bannière offerte par les membres du conseil d’administration.
Super cet article, quelle érudition !
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