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À New York
Une nouvelle association “The St. Nazaire Memorial Fund”* fut créée pour collecter les fonds nécessaires (100 000 $). Le 10 février 1925, le Captain Arthur M. Du Bois**, son trésorier, annonçait que tout était prêt pour lancer cette action d’envergure. Un comité d’honneur*** et un comité exécutif chargé de rassembler les fonds****, ont été mis en place. Ce dernier travaillera à l’échelle nationale sur le territoire des États-Unis.
* Le siège social du Saint-Nazaire Memorial Fund était au 1190, Madison avenue à New York.
** Le Captain Arthur Mason Du Bois a été recruté par l’armée américaine en 1917, dès le début de l’entrée en guerre des Etats-Unis. First Lieutenant, il a été affecté à l’ « Army AIrForce – Paris Division » puis à Saint-Nazaire pour diriger l’ « Aviation Clearance Office ».
*** Le comité d’honneur : Major General James G. Harbord, président ; Newton D. Baker ; Colonel Franklin Q. Brown ; Paul D. Cravath ; John W. Davis ; Brig. Gen. Charles G. Dawes ; Robert Underwood Jhonson ; Otto H. Kahn ; Frank D. Pavey ; Elihu Root ; Herbert Shipman et George W. Wickersham.
**** Le comité exécutif : Roynon Cholmeley-Jones, 95 Maiden Lane, président ; Miss Minette Causse ; William T. Conner ; George B. Cortelyou Jr. de Chicago ; Colonel John F. Daniell ; Johnson De Forest ; Captain Arthur M. Du Bois ; Major Gen. W. H. Hart de Washington ; Colonels Alba N. Johnson Jr., and George E. Kemp of Philadelphia ; Colonel K. G. Martin ; Charles C. Perrin de Paris ; Rev. Sartell Prentice ; General S. D. Rockenback ; Kingsland T. Rood ; Colonel John H. Schouten de Detroit ; Colonel John Stephen Sewell de Birmingham ; Ala., Livingston L. Short ; Mrs Anna Mackenzie Smih ; Dr Henry Thacher ; Dr. Samuel Trexler and General R. D. Walsh.
La campagne pour collecter les fonds fut lancée le samedi soir 9 mai 1925, lors d’un dîner de la Saint-Nazaire Association, à l’Hôtel Brevoort, à l’angle de la Cinquième Avenue et de la Huitième Rue à New York.
Hôtel Brevoort à New York – Collection Michel-C Mahé
À Saint-Nazaire
Une maquette du monument fut exposée à l’Hôtel de Ville. La ville a accueilli, cet été 1925 , des groupes de jeunes Anglo-Saxons au Collège de garçons et la présentation de la maquette durant leur visite était naturellement incontournable.
Le monument, à cet endroit, surtout en hiver, sera très exposé aux effets de la mer et du vent. Il a été calculé pour résister aux plus formidables assauts.
Fin octobre 1925, un long baraquement a été monté boulevard de l’Océan en face du futur chantier pour les ouvriers et le matériel.
Le travail devant s’accomplir dans un endroit couvert par les marées, une solide passerelle sera construite du rempart* au rocher sur lequel le monument doit être érigé. Sur celle-ci, on fit courir les rails d’un Decauville** pour transporter les blocs de granit.
* Remblai et perré du boulevard de l’Océan.
** Wagonnets circulant sur une voie étroite formée de rails et traverses métalliques qui peuvent se démonter et être transportées facilement.
Les roches où il s’élèvera étant très friables, une base solide, de cinq mètres de côté, fut construite.
Pour réaliser les scellements des fers à béton reliant le socle au piédestal, un problème s’est posé : à chaque marée montante, la mer emportait le ciment.*
* Travaux réalisés par l’entreprise Graziana.
Dans la nuit de 27 au 28 décembre 1925, une tempête a causé l’effondrement d’une partie de la passerelle. De nombreuses pièces de bois se sont échouées sur la plage.
L’Hôtel de ville de Saint-Nazaire – Collection Michel-C. Mahé.
Mrs. Whitney et la maquette du monument – Crédit Photo Famille Du Bois.
Le Monument américain – Une des premières cartes postales, imprimées en bleu par M. Landas*.
* Librairie Saint-Joseph ; Maison Louis Landas ; 29, place Marceau – Collection Michel-C. Mahé.
Les dimensions : hauteur totale : 21 m ; hauteur du piédestal en béton armé* (recouvert de granit brut de cinquante centimètres d’épaisseur) : 16 m ; envergure aigle de bronze : 10 m 80 ; hauteur soldat : 6 m.
Il a été entièrement fabriqué en France ; c’était un souhait de Mrs Whitney. Les différents éléments furent fondus à Paris et acheminés par le train à Saint-Nazaire.
* Réalisé par l’entreprise Audrain, Boulevard Wilson.
Le 23 mai 1926, l’aigle et le soldat arrivèrent en gare de Saint-Nazaire.
Vers la fin mai, un chroniqueur de Ouest-Éclair écrivait « Sur la plage du Traict, les divers morceaux du monument, chef d’oeuvre de Miss Gertrude Whitney, sont épars. L’aigle, en attendant son envolée vers la cime du piédestal qu’on lui a dressé, a ses ailes d’un côté, son bec énorme et ses serres de l’autre. Le soldat américain est colossal. Étendu, il prend des proportions de géant. À le contempler, on sent remuer en sa mémoire la phrase du Valois : « Dieu ! qu’il est effrayant !!! Il est encore plus grand mort que vivant ! »* »
* Propos que la chronique prête à Henri III, roi de France, lors de l’assassinat du duc Henri de Guise en décembre 1588.
La première semaine de juin, l’aigle était installé.
Mi-juin, le soldat a pris sa place sur le dos de l’aigle. Ce sera l’occasion d’une petite cérémonie intime avant l’inauguration.
Vue sur le monument américain et le « rempart » du boulevard de l’Océan – Collection Michel-C. Mahé.
À New York
Le mardi 4 mai 1926, “The Saint Nazaire Association” donna un dîner en l’honneur de Mrs. Harry Payne Whitney à l’Hôtel Brevoort.
Lors des discours d’usage, le Rear Admiral* Charles P. Plunkett, commandant du New York Navy Yard et le Brig. Gen.** S. D. Rockenbach***, commandant de la base à Saint-Nazaire pendant la guerre, exprimèrent leur profonde conviction que cette guerre ne sera pas la dernière.
Le Brig. Gen. Rockenbach rappela le rôle que les femmes ont joué pendant la guerre et fit appel à elles pour qu’elles soient prêtes à jouer ce même grand rôle dans la prochaine guerre qui, dit-il, il en était sûr, aura lieu.
Pour sa part le Rear Admiral Charles Plunkett déclara : « Cet avertissement pour l’avenir est très opportun. Les choses dont vous riez à présent peuvent se révéler très graves. Vous devez vous rappeler que le monde est peuplé par des êtres humains et non par des imbéciles sentimentaux. Le soldat du monument de Mrs. Whitney est sur des ailes. J’espère que la prochaine fois qu’il s’envolera, il aura la même mission : rétablir la paix pour un peuple en difficulté « .
M. André Brouzet, vice-consul français à New York, affirma que la France avait combattu dans la dernière guerre pour maintenir les principes de «droit, justice et liberté. »
« Et si nous devions avoir à mener une autre guerre, ce sera pour ces mêmes principes, » ajouta-t-il « J’espère, et je crois que la grande nation américaine sera tout aussi prête à venir se joindre à ce combat. »
* Contre-amiral
** Général de brigade
*** Le général Samuel Dickerson Rockenbach a été en fonction à Saint-Nazaire le 20 juin 1917, quand la base s’est formée, puis à nouveau en fonction du février 1919 jusqu’à la clôture de de la base le 20 juillet 1919.
Départs pour la France
Puis vint le départ des initiateurs du projet vers la France :
Mrs. Whitney embarquait avec sa maman, Mrs. Vanderbilt, le samedi 5 juin 1926 à bord du France*. Elles sont arrivées, au Havre, le samedi 12 juin 1926.
Mr. and Mrs., Arthur M. Du Bois and Roynon Cholmeley-Jones, le samedi 12 juin 1926, à bord du paquebot Lapland**.
* La France est un paquebot transatlantique de la Compagnie générale transatlantique, construit au Chantier de Penhoët à Saint-Nazaire et mis en service en 1912. Il sera le seul navire français à quatre cheminées et un des plus luxueux de son époque.
Il assura la ligne Le Havre-New York jusqu’en 1932, sauf pendant la Première Guerre mondiale, où il servira de transport de troupes et de navire-hôpital en Méditerranée.
Il était surnommé « Versailles des Mers » par son luxe et le style de ses aménagements : grand escalier copié sur celui de l’hôtel de Mazarin, siège de la Bibliothèque nationale de France ; somptueux salon Louis XIV ; salon mauresque décoré de mosaïques et d’une fontaine de marbre etc.
Un ascenseur reliait les différents ponts.
** Le Lapland était un paquebot belge de la Red Star Line, construit par les chantiers Harland & Wolff de Belfast et mis en service en 1909. Il naviguera jusqu’en 1932.
Paquebots France et Lapland – Collection Michel- C. Mahé
Paris, au salon des artistes français de juin 1926

Crédit Photo Gallica – Bibliothèque Nationale de France.
Au salon des artistes français, au Grand Palais, en juin 1926, Miss Whitney* a exposé un plâtre du futur monument. Au vernissage de nombreux visiteurs ne pouvaient pas manquer cet énorme oiseau et ce soldat équilibriste. Un académicien a osé dire à une inconnue qui se trouvait à ses côtés :
« Je vous assure qu’il va se casser la g… »
L’inconnue était Miss Withney qui s’éloigna très digne.
* J’ai conservé le ton familier des journaux français de l’époque.
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