Flash-info
Notre prochaine rencontre-conférence, aura lieu le samedi 20 mai 2017 à 10 h 30 à la médiathèque Barbara, 7, rue du Berry – 44550 Montoir-de-Bretagne.
En octobre 2016, nous avions fait deux balades dans le Saint-Nazaire de 1926. En prenant l’inauguration du monument américain comme thème central, nous continuerons à explorer le Saint-Nazaire de cette époque.
mediatheque@montoirdebretagne.fr ou au 02 40 70 11 51.
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Saint-Nazaire en 1924 – En rouge, le secteur brillamment illuminé.
A) Monument américain ; B) Escadre américaine ; C) Escadre française ; D) Place Carnot ; E) Place Marceau.
La ville se pare
Les huit jours précédant, il fit un temps magnifique. Débarrassé de ses échafaudages, le monument américain fut très admiré par les nombreux promeneurs le long du boulevard de l’Océan. En face de ce dernier, des tribunes avaient été dressées pour les officiels.
La ville avait opéré sa transformation, revêtu une toilette somptueuse pour recevoir ses hôtes de marque.
Dans les rues du centre-ville* des mâts furent érigés supportant des drapeaux**, des guirlandes électriques et des motifs lumineux, les mêmes admirés à l’exposition des Arts Décoratifs à Paris.
* La rue Henri-Gautier, la rue de l’Océan, une partie du boulevard de l’Océan, la rue Amiral-Courbet, la rue du Palais, place Marceau, pour être moins brillamment illuminées, étaient resplendissantes de lumière. Le reste de la ville, la place de la Gare notamment, avait été complètement négligé.
** La ville de Brest prêta ses draperies, étendards et écussons, amenés par le transport « Seine ».
Place Carnot, ce qui avait particulièrement plu, c’étaient ces trois mille ampoules électriques de différentes couleurs qui jetaient des flots de lumière. De mémoire de Nazairiens, on n’avait jamais vu pareil spectacle.
Place Carnot et les quatre horloges
Le support des quatre horloges croulait sous des plaques indiquant des noms de pays, des distances kilométriques, provoquant la curiosité des automobilistes et des ralentissements autour de la place. Le gendarme de faction, avec son bâton blanc, eut fort à faire.
Sur cette même place, un magnifique kiosque « empanaché de drapeaux, fleuri et enguirlandé » avait été dressé. Il avait subi quelques légers dommages, vite réparés, après qu’un cheval*** emballé était venu s’échouer terminant une galopade insensée.
*** Le cheval appartenait à M. Legrand Joseph, boulanger, rue des Chantiers.
Les monuments publics furent pavoisés aux couleurs françaises et américaines ainsi que les maisons particulières, se conformant à l’appel du Comité des fêtes franco-américaines qui avait appelé tous les Nazairiens pour qu’ils illuminent, fleurissent leurs balcons et décorent leurs devantures.
Tout avait été fait pour donner à ces fêtes un tel éclat, un tel faste, qu’elles supplantèrent, selon un chroniqueur, celles organisées pour la visite de Félix Faure en 1897, l’inauguration de l’entrée du port en 1907 ou les deux grandes semaines maritimes*, organisées dans l’estuaire de la Loire, en 1908 et 1924.
* Ces fêtes étaient organisées par la Ligue maritime.
Cette société, fondée en 1890 et reconnue d’utilité publique en 1906, avait pour dessein de montrer aux Français la nécessité d’une marine militaire puissante et d’une marine commerciale prospère. Elle employait son activité à l’étude des améliorations et réformes nécessaires.
En 1908 elle regroupait 11 000 adhérents.
Vers 1890, la Ligue coloniale fut créée pour appuyer les efforts des coloniaux.
Après 1918, les deux ligues fusionnèrent et devinrent la « Ligue maritime et coloniale ».
Parmi les moyens de propagande que la Ligue employait, figurait la Grande semaine maritime, une fête annuelle de la mer, qui se déroulait chaque année sur un point différent du littoral.
Pendant huit jours, dans les villes adhérentes, des manifestations maritimes les plus diverses étaient organisées telles que régates, promenades en mer, congrès etc. L’escadre était présente.
Dispositions particulières
Par tolérance spéciale, les cafés et débits de boissons purent rester ouverts la nuit du 26 au 27 et celle du 27 au 28.
Les boulangeries ouvrirent le dimanche, toute la journée. Les salons de coiffure par contre étaient fermés.
Les ouvriers des chantiers et des usines de Saint-Nazaire travaillaient le samedi à cette époque et toute liberté leur a été donnée pour travailler ou non, ce jour-là, pour assister à l’inauguration.
La Compagnie des chemins de fer du Morbihan a mis en place des trains supplémentaires le samedi et le dimanche sur la ligne Mindin-Pornic en liaison avec le bateau de Mindin** et sur la ligne de Brière Saint-Joachim – Saint-Nazaire.
* En 1892, le conseil général du Morbihan confia à la compagnie des chemins de fer du Morbihan la construction et l’exploitation d’un réseau de voies ferrées d’intérêt local.
Le réseau en Loire-Inférieure, appelé « Tramway », fut construit suite à une convention passée en 1902 entre l’exploitant, les élus du Morbihan et ceux de la Loire-Inférieure.
– La ligne La Roche-Bernard – Saint-Nazaire par Herbignac et Saint-Joachim (ouverture en 1907 – fermeture en 1947) avec deux embranchements celui de Méan desservant les chantiers de Penhoët et celui de Trignac desservant le bourg de Montoir et sa gare ;
– La ligne Herbignac à Guérande par Piriac et la Turballe (ouverture en 1907 – fermeture en 1938) ;
– La ligne Paimbœuf à Pornic par Mindin (39 km 200 – ouverture en 1906 – fermeture en 1938) ;
– La Plaine – Préfailles (embranchement sur Pornic – Paimbœuf) (1200 m)
** Le bateau de Mindin (terme utilisé à l’époque) des Messageries Maritimes (10 allers-retours par jour) assurait la jonction entre les réseaux au nord et au sud de la Loire.
En ce mois de juin 1926, les travaux sur le nouvel embarcadère de Saint-Nazaire étaient en cours. L’ascenseur servant à embarquer et débarquer les automobiles sera remplacé par un ponton flottant.

En bleu, les lignes de la Compagnie des chemins de fer du Morbihan. Le bateau des Messageries de l’Ouest effectuait la liaison entre Saint-Nazaire et Mindin. Dessin Michel-C Mahé.
Les prix flambent
À l’approche des fêtes, les restaurants et les logeurs s’approvisionnèrent à tous les marchés des environs ayant pour conséquence une augmentation locale des prix des denrées de première nécessité (beurre, œufs, légumes etc.)* D’aucuns demandaient que la municipalité prît des mesures pour que les ménages les plus modestes ne souffrissent pas de la situation.
* Le pouvoir d’achat des ménages a été déjà fortement impacté par le doublement de la hausse des prix de détails entre 1922 et 1926.
Source : Statistique générale de la France – Dessin Michel-C Mahé.
Prévenant la grande affluence probable d’étrangers, la municipalité avait pris ses précautions pour accueillir les visiteurs, Elle avait demandé, début juin, à toutes les personnes susceptibles d’avoir des chambres ou des lits à louer de se faire inscrire à la permanence du Comité tenue dans le magasin de M. Cadayé, 42 rue du Palais.
Malheureusement, les moindres chambres atteignirent des prix faramineux : cinquante francs par nuit pour un lit dans une salle à manger et cent francs dans un local ordinaire*.
La municipalité dut exercer son droit de réquisition car, devant l’attrait des dollars**, certains mercantis ont même refusé d’héberger des officiers français notamment ceux qui étaient à la tête du bataillon des fusiliers-marins.
* Ordinairement, une chambre dans un meublé coûtait de 100 à 120 francs par mois.
** Un dollar américain valait alors 35,35 francs. Mi-juillet 1926, la « crise du franc » sera à son point culminant. Le 20 juillet 1926, le franc ne cotera qu’environ un dixième de sa valeur d’avant-guerre par rapport au dollar ou à la livre sterling.
Les équipages américains se plaignirent que, dans certains établissements, deux prix étaient pratiqués, un tarif courant pour les Français et un tarif majoré de 50 % pour les Américains. Il faut noter, toutefois, que la majorité des commerçants sont restés honnêtes.
Les Français ont aussi quelques griefs à l’encontre des commerçants, les cafetiers, les coiffeurs. Devant l’affluence on mettait du temps à vous servir mais ils se précipitaient pour combler les désirs des marins américains. Dans les salons de coiffure ils bénéficiaient même d’un tour de faveur.
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