Flash-info
La prochaine rencontre-conférence, aura lieu le samedi 20 mai 2017 à 10 h 30 à la médiathèque Barbara, 7, rue du Berry – 44550 Montoir-de-Bretagne.
En octobre 2016, nous avions fait deux balades dans le Saint-Nazaire de 1926. En prenant l’inauguration du monument américain comme thème central, nous continuerons à explorer le Saint-Nazaire de cette époque.
mediatheque@montoirdebretagne.fr ou au 02 40 70 11 51.
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Plan A – Saint-Nazaire 1924 – En rouge, itinéraire retraite aux flambeaux
A) Place de la Vieille-Ville ; B) Pont roulant ; C) Place du Bassin ; D) Place Carnot ; E) La gare ; F) Place Marceau ; G) Sous-préfecture ; H) Hôtel de ville ; I) Collège de jeunes filles ; J) Monument américain. – Dessin Michel-C Mahé.
À l’occasion des fêtes franco-américaines, le cinéma ne fut pas en reste. On projeta au théâtre municipal Trianon, du mercredi 23 au dimanche 27 juin, un document mémorable, propriété du Trianon, le premier débarquement des troupes américaines à Saint-Nazaire, le 26 juin 1917. Les spectateurs virent ainsi : la réception par le général Pershing et les autorités françaises et américaines ; le défilé à travers la ville ; l’arrivée au camp N°1.
Cette première journée de fêtes, le vendredi 25 juin, commença à 8 heures par des salves d’artillerie.
Quai du Commerce
À 10 heures, le contre-amiral Chauvin, commandant la division de la mer du Nord, rendit visite à l’amiral Gleaves, à bord du «Memphis », accompagné de son officier de pavillon M. Falico.
MM. Blancho, maire de Saint-Nazaire ; Butterlin, sous-préfet ; Joubert, président de la Chambre de commerce ; Gourmelon, administrateur de la marine, attendaient sur le quai.
Les fifres se firent entendre quand le cortège parut.
Le contre-amiral Gleaves, le capitaine de vaisseau Henry E. Lackey, commandant le croiseur et son second, le capitaine de frégate, Beck le reçurent à la coupée.
Selon le chroniqueur « La réception fut cordiale, simple, rapide, poignées de mains énergiques, bienvenue, welcome, une orangeade* officielle, aimable conversation ; et puis la séparation avec les mêmes cérémonies. »
* À bord les équipages ne buvaient que du café, du thé et de l’eau glacée, de la limonade pour les grandes occasions.
Dans le centre-ville
L’après-midi, sous un grand soleil, les rues furent en proie à une animation inaccoutumée. La circulation des autos dans le centre-ville devint difficile et le petit kiosque érigé place Carnot* pour un concert compliqua la situation.
Partout dans les rues, la foule joyeuse, parsemée de groupes de marins, était en fête ; place Marceau, c’est la foire, les manèges, la musique, les jeux.
* Concert qui n’aura pas lieu.
Collège de Jeunes filles – La cour d’Honneur – Collection Michel-C. Mahé.
L’exposition des arts anciens et modernes
Ce même vendredi à 15 heures a eu lieu le vernissage de l’exposition des arts anciens et modernes, du 25 juin au 25 juillet, organisée dans plusieurs salles du Collège de jeunes filles*, rue Villes-Martin.
On y a vu : des tableaux anciens et modernes** ; des meubles, costumes, coiffures, poteries, objets d’art breton et autres, anciens et modernes*** ; des objets d’art étrangers**** ; des collections offrant de l’intérêt sélectionnées par une commission spéciale***** ; des bateaux modèles.
Les antiquaires nazairiens, de nombreuses familles nazairiennes et de la presqu’île ont prêté leurs collections ; ils pouvaient aussi les vendre.
* Le Collège de jeunes filles fut établi rue Villès Martin, en 1911, dans l’ancien bâtiment du Collège de garçons transféré rue Haute de la Paix (future rue Aristide Briand) en mai 1907. (voir Plan A, ci-dessous)
**Anciens
Portrait d’une dame l’honneur de la reine Marie Leczinska, de Nattier ; Enfant au chien, de Coltzius (probablement Goltzius) ; gravures, de Coldegrever ; bois gravé, d’Albert Dürer ; tableau, de Lazare Meyer exposé au salon de 1878 ; gravures, de Daumier ; dessin sépia, de Nicolet ; reproduction de la Sainte Famille, de Raphaël par Lenepveu, peintre du plafond du grand Opéra de Paris.
Modernes
Les Piliers, de Jean Bouchaud ; nature morte, d’Eugène Quost ; Grain à Belle-Isle-en-Mer, de H. Berteaux ; Un moulin, de M. de Puygaudeau ; Tête de Breton, de M. Simon, professeur de l’École des Beaux-Arts de Nantes ; des jolis intérieurs, de M. Ménasger ; Paysage du Croisic, de M. Valat ; des aquarelles, de M. de Broc ; gravures sur bois (dont Le rémouleur) de M. de Landlais ; paysages (dont Une grève à l’Île d’Arz) de M. Cylkow ; vues d’Oudon, de M. Deltaube ; panneaux de tapisserie, de Mme Deltaube.
Autres exposants : Chautron ; Delpechet ; M. Jacob, médaille d’or du Salon des artistes français, M. Langlade ; M. Perren.
*** Collection de camaïeu (histoire d’Œdipe) ; écharpes en véritable cachemire des Indes ; gilets brodés et de vieilles dentelles.
Statuettes de la Vierge ou des saints, christs anciens et précieux ; bibles datant de plusieurs siècles, « La Cité de Dieu » de saint Augustin (1570), « Vie des Saints bretons », (1570).
**** Vases et armes de Damas, poteries de l’Euphrate et du Tigre, propriété du colonel Marquet.
Statuettes japonaises en bois sculpté et peint.
***** Tapisserie faite au point à l’aiguille par Mme Degrées du Loû ; portrait de Mme de Genlis, de Mme Sophie Chéradame, (ancêtre de Mme Degrées du Loû) ; dessins du vieux St-Nazaire en 1850.
Parmi les principaux organisateurs : M. Éveillard*, directeur de l’École de dessin de Saint-Nazaire, commissaire général de la Commission artistique ; MM. Benoist**, Joudrin, Volot, Dousset, Yviquel, Dommée, Van den Brouck ; Mlle Pelteau.
*Êveillard Georges Alexandre ; artiste peintre et professeur de dessin à Saint-Nazaire. Nous disposons de très peu d’informations à son sujet ; l’homme était discret.
M. Lamoureux, commerçant et féru d’art, créa en 1912 le Groupe artistique pour réunir les amateurs d’art sur Saint-Nazaire et organiser des expositions.
Au début de la guerre, il rencontra M. Georges Éveillard, mobilisé à Saint-Nazaire et ce dernier accepta de prêter son concours pour mettre en place des cours de dessin. Ils débutèrent en 1915 et étaient entièrement gratuits.Ils avaient lieu au collège de Jeunes Filles et furent à l’origine des cours de dessin du Groupe artistique de Saint-Nazaire. M. Éveillard en devint directeur et sous son habile direction ils eurent beaucoup de succès. En 1926, ils furent pris en charge par la municipalité. M. Éveillard fut nommé directeur de l’école de dessin.
Officier de l’instruction publique en 1923.
Chevalier de la Légion d’honneur en 1936.
** M. Benoist habitait 25, rue de Pornichet.
La gare d’Orléans – Au premier plan le parapet, longeant la rue de Nantes (rue du Président Wilson) et surplombant la place de la Gare. Collection Michel-C. Mahé.
À la gare
À la gare, le public se pressait, attendant parents et amis. Les trains déversaient leurs flots de visiteurs, de délégations et d’autorités.
Vers 17 heures, la musique de Montlouis* est arrivée, suivie, vers 17 heures 30, par un bataillon de fusiliers-marins de Lorient. Ce fut un instant émouvant, lorsque les compagnies s’éloignant de la gare, les drapeaux, entourés par des vétérans en armes, passèrent par les salons du chef de gare.
Postée sur la rue du Nantes** qui surplombe la gare, une foule nombreuse était venue accueillir les héros du Dixmude***.
Le bataillon, sous les ordres du capitaine de frégate Bonelli****et précédé de l’étendard porté par M. Ceveac, défila à travers les rues. La musique de Montlouis et les Nazairiens, firent fête à nos fusiliers en les acclamant avec enthousiasme.
La musique de la Flotte est arrivée, elle aussi, dans la soirée.
Un chroniqueur écrivait : « Un défilé en fanfare a eu lieu à travers la ville qui n’avait jamais été (depuis l’occupation américaine) si animée, encombrée (surtout d’autos) et si bruyante ! Mais c’est un joyeux tintamarre, puisse-t-il faire baisser le dollar.»
* La musique de Montlouis. Chef, M. Moreau ; sous-chef, M. Chouan.
** Bien que cette rue fût renommée rue du Président Wilson en 1919, les nazairiens continuaient à l’appeler rue de Nantes.
*** Les fusiliers marins ont pris part à la bataille de Dixmude en octobre 1914 pour arrêter l’avancée de l’armée allemande et protéger Dunkerque. Ils s’étaient engagés à tenir la ville pendant quatre jours, ils ont tenu trois semaines.
**** Toussaint Bonelli, né le 14 novembre 1877 à Bastia (Corse), décédé le 5 janvier 1954 à Marseille (Bouches du Rhône). Il est cité à l’ordre de l’Armée navale en janvier 1915 : » A enlevé deux tranchées à l’ennemi à 200 mètres des tranchées principales. Blessé au cours de l’action. ».
Il a commandé l’École des fusiliers marins de Lorient, du 25 février 1925 au 1er octobre 1926.
Officier de la Légion d’honneur. Croix de guerre.
Soirée de gala au théâtre Trianon
À 21 heures, au théâtre municipal Trianon on joua, en l’honneur de nos hôtes et des autorités participant aux fêtes, Le Grillon du Foyer, pièce en trois actes de M. Ludovic de Francmesnil, d’après Dickens, avec le concours des artistes du théâtre national de l’Odéon*.
Musique de scène de Massenet, avec un orchestre de vingt musiciens, sous la direction de Pierre Montpellier, directeur de Musica.
* Mmes Marguerite Guéreau, Nivette, Saillard, Dubuisson, Jacqueline Ferny. MM. Georges Saillard, Fernand Fabre, Bayard et Jacques Varenne.
** Prix des places : fauteuils d’orchestre : 10 francs ; baignoires (la place) : 8 francs ; premières : 6 francs ; parterres : 4 francs ; galeries : 2.50 francs ; location ; 0.50 francs en plus, par place.
Ce fut une belle soirée mais on déplora quelques rares uniformes, très peu d’autorités et aucun hôte* dans les balcons qui leur étaient réservés.
* Les officiels américains étaient encore à Paris. Ils sont partis le vendredi à 22 h 30 de la gare des Invalides par train spécial. Ils sont arrivés à Saint-Nazaire le lendemain matin vers 6 h 30.
Les ministres étaient à Nantes où ils avaient inauguré, dans l’après-midi l’exposition des Tissus au Château de Nantes et posé la première pierre du monument aux Morts de la Grande Guerre. Ils sont arrivés, en automobile, le samedi matin à 10 heures à Saint-Nazaire.
La retraite aux flambeaux
Plusieurs musiques ont participé à la retraite aux flambeaux. Le rassemblement se fit à 21 heures place de la Vieille-Ville ; le départ à 21 heures 30. On vit une foule considérable, parmi laquelle on remarquait surtout des marins français et américains, parcourir l’itinéraire (voir Plan A) : place de la Vieille-Ville, pont Roulant, place Bassin, rue Villès-Martin, place Carnot, rue de Nantes, rue Amiral-Courbet, rue Thiers, rue de la Gare, rue de Nantes, rue Amiral-Courbet, place Marceau (le tour de la place), rue du Palais, rue du Croisic, rue Fernand-Gasnier, boulevard de I’Océan, sous-préfecture, rue de l’Océan, place Carnot, rue Villès-Martin, rue de l’Hôtel de Ville, mairie (dislocation).
Des pièces d’artifices ont été tirées sur le parcours.
Place Carnot, ce qui avait particulièrement étonné les participants, c’étaient ces trois mille ampoules électriques de différentes couleurs qui jetaient des flots de lumière. Jamais, de mémoire de Nazairiens, on n’avait vu pareil spectacle. La rue de Nantes, la rue de l’Océan, une partie du boulevard de l’Océan, la rue Amiral-Courbet, la rue du Palais, place Marceau, bien que moins brillamment illuminées, étaient resplendissantes de lumière.
Fin de soirée
La première journée s’achève. Pour conclure, je ne peux que reprendre les propos d’un chroniqueur, ils démontrent si bien l’atmosphère du moment, le chauvinisme ambiant.
« Nocturne. Vendredi soir, 10 heures. Ville grouillante. Dans la nuit proche, les formes humaines sont moins accusées. On dirait des taches qui se meuvent… C’est l’heure où les marins rentrent à bord. Devant le Memphis une foule bruyante de curieux. Des cris, de la poussière, des marins américains qui s’interpellent, chantent… Une atmosphère de foire, quoi !…
Un peu plus loin, à la sortie du port, d’autres marins, des Français ceux-là, s’entassent dans deux vedettes qui vont les conduire à bord du Voltaire. Les vedettes s’éloignent du quai. Un imposant silence fait de discipline et de dignité… Pas un mot, pas un cri… Seul, le halètement du moteur dont le bruit se répercute en un écho assourdi… Déjà les deux barques ne sont plus qu’une masse informe d’où se détachent les bérets blancs… Elles abordent au Voltaire. – Deux marines… deux manières, deux races… deux mondes !… »
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