Le monument américain – Les Fêtes Franco-américaines – Samedi 26 juin 1926 – Le banquet

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Le monument américain – Les Fêtes franco-américaines – Samedi 26 juin 1926 – Le banquet


Saint-Nazaire – A) Place de la Vieille-Ville ; B) Pont roulant ; C) Place du Bassin ; D) Place Carnot ; E) La gare ; F) Place Marceau ; G) Sous-préfecture ; H) Hôtel de ville ; I) Collège de jeunes filles ; K) Navires américains ; L) Navires français ; M) Restaurant coopératif ; N) Salle des fêtes du Chantier de Penhoët ; O) Paquebot Île-de-France ; P) Chambre de commerce. – Dessin Michel-C Mahé.

Le banquet

Reprenons les écrits de Mrs. Louise Du Bois, épouse du Captain Arthur M. Du Bois, trésorier de “The St. Nazaire Memorial Fund” sur l’inauguration du monument américain.

«Un banquet nous a été offert au Chantier de Penhoët par la Chambre de commerce, où l’on comptait plus de 400 invités, y compris les invités d’honneur, les Américains et les membres du Comité français. Le Chantier est situé sur l’un des docks et, sur notre chemin, nous avons passé le Memphis à quai*, le navire amiral français**, et le nouveau paquebot français Île de France ***, qui vient juste d’être lancé. »

* Le Memphis navire amiral américain est amarré quai du Commerce.
** Mrs Du Bois passe devant la flotte française amarrée quai Demange, mais le navire amiral français le Voltaire est resté sur rade.
*** Le paquebot Île de France a été mis sur cale, au Chantier de Penhoët à Saint-Nazaire, le samedi 25 octobre 1924 ; lancé le dimanche 14 mars 1926 ; livré le 29 mai 1927. Il entama son voyage inaugural, entre Le Havre et New York, le 22 juin 1927.
Longueur : 241 m ; largeur : 28 m ; tirant d’eau : 9 m 75 ; puissance : 52 000 chevaux ; vitesse : 23 noeuds ; 800 hommes d’équipage ; 1200 passagers de 1re et 2e classes ; 600 passagers de 3e classe.

Le banquet a eu lieu dans la salle des fêtes du Chantier de Penhoët. Inaugurée en février 1917, sa vocation première était une salle de lecture et de correspondance pour les ouvriers et ouvrières. Mais très vite elle fut adoptée et fréquentée par un grand nombre pendant les heures de repos. Après la guerre, elle fut équipée d’une scène de théâtre. On y organisait des concerts, des représentations théâtrales pour le personnel, les banquets à l’occasion du lancement des bateaux, les distributions des prix de l’école d’apprentissage mais aussi utilisée pour des manifestations extérieures au Chantier.
« Elle était située à l’extrémité sud du chantier, au fond d’une allée, était ornée d’une quadruple rangée d’arbres, un bâtiment coquet dont la façade était cachée sous le lierre et les plantes diverses. » Voir article : La salle des fêtes des Chantiers de Penhoët.
À l’entrée du restaurant, un piquet de gendarmes, rendant les honneurs, accueillait les invités. En premier lieu, le général Gouraud accompagné du général Pershing puis les ministres, les autorités civiles et militaires américaines et françaises.
La salle était décorée avec goût, avec des drapeaux américains et français ; les tables étaient artistiquement décorées de fleurs.

Il était 13 heures quand les invités se mirent à table.
À la table d’honneur : MM. Leygues, ministre de la Marine, qui présidait le banquet ; Daniel-Vincent, ministre des Travaux Publics : Myron Herrick, ambassadeur des États-Unis à Paris ; général Gouraud, gouverneur militaire de Paris ; général Pershing, ancien commandant en chef du corps expéditionnaire ; Mathivet, préfet de Nantes ; Mme Whitney, auteure du monument ; M. Blancho, maire de Saint-Nazaire ; Joubert, président de la Chambre de Commerce.
Mme Philouze, propriétaire de l’Hôtel des Messageries , aidée du personnel du restaurant coopératif concocta un excellent menu et bien présenté.

Cours de gymnastique en 1930 des apprentis. Dans le fond la salle des fêtes ; à droite le restaurant coopératif.
Crédit Photo Pierre Viogne.

Le paquebot Île-de-France au quai de Penhoët – Collection Michel-C. Mahé.

Les discours

Il y eut cinq discours, dans l’ordre : M. Blancho, maire de Saint-Nazaire ; M. Sibille, député de la Loire-Inférieure ; M. Myron Herrick, ambassadeur des États-Unis ; le général Pershing ; M. Leygues, ministre de la Marine.

M. Blancho, remercia les invités d’avoir répondu à l’invitation de la Chambre de Commerce et de la Ville, Mme Whitney, M. O’Connor *, et tous ceux qui ont contribué à l’érection du monument. Puis lança un appel au gouvernement français.
« Nous sommes angoissés sur la situation de la marine marchande et sur l’avenir de Saint-Nazaire qui vit par ses chantiers et par son port. »
« Il ne faut pas, dit-il qu’au lendemain des fêtes qui célébreront le départ du grand paquebot Île-de-france, le chômage fasse sa réapparition dans notre ville. Saint-Nazaire a besoin de travail. Le gouvernement se doit d’aider Saint-Nazaire. »
« Nous voulons le travail et la paix. »

* Peut-être Mr Williann T. O’Connor, membre de The St. Nazaire Association. Il n’apparaît pas dans la liste officielle des invités.

M. Sibille, député, parla au nom des parlementaires de la Loire-Inférieure. Dans un vibrant et patriotique discours rappela l’intervention américaine et fit l’éloge des généraux Pershing et Gouraud.
M. Myron Herrick, ambassadeur des États-Unis, remercia M. Leygues de son discours du matin, le pria de transmettre ses remerciements au gouvernement français, le remercia d’avoir remis la croix de la Légion d’honneur à Mme Whitney et tous ceux qui ont si bien accueilli les représentants de son pays.
Le général Pershing qui, pendant la guerre, a inspecté la base américaine de notre ville, rappela, la large hospitalité offerte alors à ses soldats.
M. Leygues, ministre de la Marine, rappela que Washington et Lafayette en se séparant se sont dit mutuellement : « Ne nous oublions pas ! « Eh bien, ne nous oublions pas aujourd’hui »*.
« La France n’oubliera jamais que le sang américain s’est mêlé au sang français, et le ministre termine en levant son verre aux deux grandes nations : les États-Unis et la France »

* Un chroniqueur, qui voyait M. Leygues, comme « un pince-sans-rire qui manie l’ironie avec maestria.», y a vu une allusion à la dette américaine qui générait alors une vive tension entre les anciens alliés.

Vers 15 heures, à l’issue du banquet, pendant les discours, un ronflement de moteurs se mêla aux applaudissements des convives. C’était l’hydravion*, construit par le Chantier de Penhoët, conçu par M. Richard**, ingénieur et piloté par M. Duhamel***, qui faisait ses essais de surface.

* Les commandes se faisant rares, le Chantier de Penhoët et le Chantier de la Loire se sont lancés dans l’industrie aéronautique. Le Chantier de Penhoët construisait un gigantesque hydravion pentamoteur d’une puissance de 2100 chevaux (5 moteurs Jupiter de 420 chevaux). ; le département aviation de la Société des Chantiers de la Loire, Loire-Gourdoux-Leseure, des avions de chasse de 420 et 450 chevaux.
La Société anonyme des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire-Penhoët a été la première en France à s’intéresser au lancement des avions à bord des navires. Cette même année, elle a réalisé une catapulte montée sur un pivot permettant des lancements sans que le navire ait à modifier sa route. Elle imprimait à un appareil de 1600 kg au repos, une vitesse de départ de 80 km à l’heure.
Administrateur-délégué de la société, M. Godard ; président, M. R. Fould ; directeur du Chantier de Penhoët, M. Lévy. La société est aussi propriétaire des Chantiers de Normandie près de Rouen.
** Paul-Aimé Richard, né à Lille, le 17 décembre 1889. Ingénieur de l’École supérieure d’aéronautique en 1910, il se consacra à cette branche nouvelle l’hydraviation.
Il occupa plus de 20 postes importants dans différentes sociétés (Astra, Lorraine-Dietrich, Franco-British Aviation Company, Lioré et Olivier).
Professeur à l’École supérieure d’Aéronautique en 1916, il publia de nombreux travaux et, en collaboration avec son frère Maurice, comme lui, diplômé de l’École supérieure d’Aéronautique, établit une étude sur les lois de similitude en aviation.
*** Alphonse Duhamel, né à Paris, le 26 février 1892. Ayant terminé ses études à l’École supérieure Arago, il fut, en 1912, incorporé à la Marine. Breveté fourrier ; le 15 mars 1914, détaché en qualité de secrétaire au cabinet et de secrétaire particulier de ministres.
Il demanda à entrer dans l’aviation. En mai 1915, il fut envoyé à Saint-Raphaël, puis à Avord, où, le 30 décembre il fut breveté militaire sur Voisin-Salmson.
En mars 1916, il fut envoyé à Bizerte où, à bord d’hydros Schreck, il fit la chasse aux sous-marins ennemis.
Muté comme moniteur à Saint-Raphaël, il forma rapidement plus de deux cents élèves.
Il demanda à entrer une seconde fois en escadrille. À Guernesey il fit la chasse aux sous-marins allemands.
En août 1918, il fut détaché chez Schreck comme pilote réceptionnaire.
L’armistice signé, pilote réceptionnaire chez Gonnet-Willocq ; un peu plus tard, chez Nieuport.
Démobilisé, il devint collaborateur de René Caudron, en mars 1920.
En juin 1920, il entra chez Latham qui délègue souvent son pilote à leurs essais de ses confrères ou à certaines épreuves qu’ils désirent tenter. À ce titre, il procédera aux essais de l’hydravion du Chantier de Penhoët à Saint-Nazaire.
Hydravion, construit par le Chantier de Penhoët, type Jupiter, 40 mètres d’envergure – 2100 chevaux – cinq moteurs. Crédit photo Gallica – Bibliothèque nationale de France

Remerciement des anciens combattants

M. Georgelin, président de l’Union Nationales des Anciens Combattants, a adressé la lettre suivante :
Monsieur l’Amiral. Messieurs les Officiers. Sous-officiers et marins de la flotte américaine.
Vous avez eu la délicate pensée de faire déposer, hier matin, au pied des monuments élevés à la mémoire de nos soldats morts au Champ d’Honneur, de magnifiques gerbes de fleurs.
Au nom de mes camarades de l’Union Nationale des Combattants, des Sociétés patriotiques et des Pupilles de la Nation de la ville de Saint-Nazaire, je vous en remercie.
Je suis heureux de profiter de cette circonstance pour vous demander d’être nos interprètes auprès de nos camarades des États-Unis pour les assurer de nos sentiments fraternels.
Vive les États-Unis.
Vive la France.

Modifications :  …(hydravion) qui faisait ses essais de surface. 14-09-2017

A propos Michel-Claude Mahé

Je suis un retraité éternel apprenant. Passionné d'histoire, de dessin, de philosophie, de mathématiques, d'informatique...
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